Fakir : On fait un tour de France en reportages et on s’est dit qu’il fallait faire une étape ici, à Grigny, poser la question au meilleur maire du monde* : comment la gauche peut gagner ?
Philippe Rio : Nous on a déjà gagné ! C’est important de montrer nos victoires. On a des victoires syndicales, politiques, citoyennes, mais on ne les montre pas assez. Pourtant ce sont des poches de résistance créatrice, elles pourraient servir de modèles. Résister, c’est créer, disait Lucie Aubrac, et elle avait raison. Il y a des espaces de résistance dans ce pays.
Fakir : Et résister, c’est quoi, pour vous ? C’est quoi, les priorités des gens de Grigny ?
Philippe Rio : Un, le pouvoir d’achat. Deux, la santé. Trois, la sécurité. Ici à Grigny, on est la ville la plus pauvre de France, avec 44 % des habitants qui vivent sous le seuil de pauvreté [NDLR : en fait, depuis peu, la deuxième ville la plus pauvre derrière Roubaix, 46 % de taux de pauvreté]. Et deux tiers des habitants sont dans le halo de la pauvreté. Le Covid a été un accélérateur de pauvreté, il nous a percutés : on a pris conscience qu’on était à côté de la plaque.
Fakir : C’est-à-dire ?
Philippe Rio : On a redécouvert quelque chose : notre ennemi public numéro 1, c’est bien la pauvreté. À la sortie du Covid, en 2021, on a lancé un grand plan de lutte contre la pauvreté. Nota