Paris, le 12 août.
« On n’aime pas Trump, ah non !
– Vous allez voter Kamala Harris, du coup.
– Ah ben non : Trump ! Il a plein de défauts, il a un ego énorme, il est vulgaire…
– Mais alors ?
– C’est le seul à pouvoir remettre notre pays sur les rails ! Comme disait le Pape, en politique, il faut choisir entre le moins pire des deux diables ! »
Encore un été à trimbaler les touristes américains sur les côtes normandes, comme chauffeur – guide. Ce lundi matin, je venais de rouler quatre heures pour récupérer un couple de retraités texans dans leur cinq étoiles parisien. En quelques minutes à peine, la dame se transforme en avocate trumpiste. Eclairant – et déprimant. « Trump est très bon pour la guerre. Il déteste les guerres, du coup il est très bon pour les éviter. S’il avait été président à la place de Biden, il n’y aurait jamais eu de guerre en Ukraine. Poutine n’aurait pas osé. Il sait que Trump est fou, et que s’il touche à un orteil d’Américain ou d’Européen, il ne verra plus la lumière du jour. Mais aux Etats-Unis, personne ne reconnaît tout ce que Trump a fait pour notre pays. Ça me rend dingue ! »
Quelques minutes plus tôt, elle s’émerveillait de tout ce qu’elle voyait autour d’elle : les boutiques « so nice », les rues « super clean ». Même les stations-service étaient « beautiful ». Mais dès qu’elle aborda l’élection du 5 novembre, sa voix, son corps tout entier se tendirent.
« Trump a fait tellement de bonnes choses pour l’économie américaine… Ça allait beaucoup mieux quand il était président : il y avait plus d’emplois, la vie était moins chère. En 2019, le paquet de papier-toilette coûtait 6 dollars. Aujourd’hui, c’est 8 !
– C’est à cause de l’inflation du papier, ça…
– Oui, mais Biden s’en fout des Américains. Il a laissé rentrer des millions d’immigrés illégaux depuis 2020 ! Il leur donne un iPhone, un logement, et même 10 000 dollars chacun !
– Euh, je ne crois pas… (J’ai vérifié, après coup : fake news !)
– Mais si ! Ils peuvent aller à l’école, être soignés gratuitement. Biden et Kamala, ces deux-là, je les déteste. »
Pendant de longues minutes, tout y passe, sans la moindre preuve : carburant moins cher sous Trump, gangs de vénézuéliens qui détruisent tout sur leur passage…
Au bout d’une heure de route, mon calvaire s’arrête enfin : pause-pipi dans une station-service normande. Mes deux clients sortent pour les remplir de soda des gobelets énormes, d’un litre, rapportés du Texas. « Ben oui : les vôtres, en France, ils sont trop petits. Alors, on emmène les nôtres partout avec nous. Eh ouais : on est écolos, les trumpistes ! »
Je crois rêver…
« Y a que les voitures électriques, on n’en veut pas ! Comment on fait en cas de tempête, si on n’a plus d’électricité ? Au Texas, on a du pétrole, et avec Trump, on va continuer à forer de partout, je vous préviens.
– Amen ! » gueule le mari, retraité de Shell, qui n’avait rien dit jusque-là…
« Trump, c’est bien, il est fou » : la leçon des trumpistes !
« Au Texas, on a du pétrole, et avec Trump, on va continuer à forer de partout, je vous préviens.
– Amen ! »
Qu’elle fut longue, ma journée avec les trumpistes…

Publié le 4 novembre 2024
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