France, début des années 1930 : la crise de 1929, si elle touche le pays plus tard que d’autres, ne frappe pas moins fort. Les prix agricoles s’effondrent, le pouvoir d’achat des paysans diminue et le chômage apparaît : plus de 10 %, et 900 000 sans emploi, d’un coup ! Une série de scandales politico‑financiers fait le jeu de l’extrême droite, dont la presse hurle contre les dirigeants et les élus. « À bas les pourris », « À bas la République », voit‑on fleurir, à l’envi. La tension est à son comble.
Face à cela ? La gauche est divisée, fracturée, en proie à des luttes fratricides bien plus violentes qu’aujourd’hui. Le Parti communiste désigne la SFIO comme des « sociaux‑traîtres », quand ces derniers voient dans le PC un affidé de Moscou. L’union semble impossible.
Jusqu’à ce que les ligues fascistes tentent de prendre le Parlement – et le pouvoir. Le 6 février 1934, la plus célèbre – et meurtrière – de leurs manifs fend Paris : quinze morts, 1500 blessés. L’exemple de l’Allemagne, passée au nazisme l’année précédente, ou de l’Italie de Mussolini, est dans tous les esprits. D’abord choqués, les partis de gauche, radicaux, socialistes, communistes réagissent. « Face à l’urgence de la patrie en danger », et sous la pression de la rue qui l’exige, partout, dans l’Hexagone, ils s’unissent, enfin. « Il vaut mieux s’unir pour obtenir le bonheur sur la Terre que de se disputer sur l’exist



