Loto, la roulette rosse

On était tombés sur Marc le vendredi 13, « Chez Froc », qui jouait à l’Euromillions. On le recroise aujourd’hui, tee-shirt noir, veste en jean et crâne rasé, qui siphonne une pression en terrasse. Il a perdu.

Publié le 17 octobre 2007

– Vous êtes pas trop déçu ? – Bof... Faut risquer quelque-chose si je veux changer mon train de vie. C'est pas avec le travail que j'y arriverai. Le Smic, avec mes six gamins... – Ça doit pas être évident... – Attention je suis heureux moi! Tu vas pas faire un papier genre "ah, le pauvre", pour faire pleurer dans les chaumières. J'ai tellement galéré que c'est des bons souvenirs. Pour mes gosses aussi. Quand tu perds ta roue tellement ta bagnole elle est pourrie, ils la voient qui nous double sur la route comme dans les dessins animés... Les gosses ils se marrent! Quand je retapais la maison, ils écrivaient sur les murs. On s'en foutait de l'intérieur, on n'en avait pas. Une lucarne qui s'envole pendant la nuit à cause du vent, déjà que t'as pas de chauffage et pas de porte, tu balises. Ben les gosses, ça les fait rire: "Ouah papa, on a pris toute la flotte sur la gueule!" Ils sont fins heureux ces cons-là! Je le vivais bien parce qu'on était amoureux avec ma femme. Je me levais le matin, j'avais l'étincelle qui me disait "continue!" Et petit à petit, on y est arrivé. Grâce à mon boulot. Il me fallait un boulot fixe. Balayeur fixe, je l'aurais pris, à 21 ans. C'est un Polonais qui a fini par m'embaucher, pour la mise en rayons au supermarché. J'avais ma fille dans les bras. Il a eu pitié de moi et mon gosse. Le coeur sur la main. – Il vous a embauché par pitié ? – On s'aide, entre pauvres. À l'époque, je me levais tou

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