Athacia, ma filleule humanité

« Smack ! » La bise avait claqué sur ma joue, il y a neuf ans. Polyhandicapée dans le centre où je bossais, Athacia m’administrait son premier éclat de rire. Ces derniers temps, on s’est marrés ensemble chez elle, au Gabon. Y avait qu’elle pour me sortir de ma Picardie…

Publié le 7 janvier 2014

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Mais qu'est-ce que je fous là ? Un vol d'oiseaux s'échappe d'un arbre. La nuit marche sur l'aéroport de Libreville, en plein Gabon, mais la chaleur m'envahit le visage et tout le corps. Mais qu'est-ce que je fous là ? Moi qui voyage, au mieux, chez les cousins belges ? Moi pour qui les villes les plus méridionales sont Nantes ou Châteauroux ? Moi, le plouc picard, qui passe mes vacances à Gardincourt, quinze jours din min gardin et quinze jours din ma cour ? Moi qui ne chante jamais “emmenez-moi au bout de la terre, emmenez-moi au pays des merveilles” ? Je sais. " Entendre ton rire, qui lézarde les murs, qui sait surtout guérir mes blessures. " Je viens entendre les rires d'Athacia. Je me souviens. Il y a neuf ans, j'étais éducateur au centre Jules Verne, un foyer pour enfants polyhandicapés à Amiens. Un matin, je discutais peinard avec les collègues, " smack ! " Le baiser avait claqué sur ma joue ! Et un éclat de rire ! Son rire, le rire d'Athacia. Elle avait six ans, ce bisou était le premier d'une longue série. Y a des gens qui assassinent, qui torturent, Athacia distribue des " tissous ", comme elle dit, ma sérial-tisseuse. Y a des gens qui s'entretuent, elle nous apprend à nous entrevivre.
Lorsqu'elle avait un peu plus d'un an, au Gabon, une méningite l'avait privée de ses jambes et de plein de choses – mais pas de sa joie. Et elle m'avait contaminé, sa joi

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