Un monde est mort, il court encore… La preuve par le poulet

[*Mille « plans sociaux » ont jalonné l’été.*] _ Parmi eux, un m’a marqué : l’affaire Doux. _ Aussitôt, j’ai songé : voilà une caricature de l’époque. Qui cette entreprise rendait-elle heureux ? Les ouvriers ? Les poulets ? Les aviculteurs ? Les paysans du Sud ? Elle fabriquait plutôt, me semblait-il, du malheur en série. Sa faillite, c’était l’occasion de tout changer. Et pourtant, syndicats, médias, ministres ne nourrissaient qu’un seul espoir : un plan de continuation, que tout reprenne comme avant. Les dissidents, altermondialistes, anti-productivistes, gauchistes divers, en guise de lutte, ont publié des communiqués sur Internet. Le système s’est donc remis sur pied, à l’identique – avec sans doute quelques milliers d’emplois en moins.

Publié le 26 septembre 2012

C'était pour moi une métaphore de la crise. La même histoire qui se répétait. À l'automne 2008, le système financier s'est cassé la figure. Les banquiers eux-mêmes, et leurs porte-voix politiques, se livraient à des autocritiques en place publique : oui, ils s'étaient gavés durant des années. Oui, ils avaient ruiné des ménages, des villes, des pays. C'était l'occasion de tout changer. Et nous avons bien manifesté, à plusieurs millions, aux cris de " Nous ne paierons pas leur crise ", mais sans plan de bataille, sans dirigeants de rechange. Le système s'est donc remis sur pied, à l'identique. Et même, autour du cou des peuples, l'argent resserre encore la corde, d'un plan de rigueur à un Traité européen. Le dossier Doux illustre ça, en raccourci. L'absurdité d'une agriculture mondialisée, à coup sûr. Mais surtout nos propres faiblesses. Car à quoi bon dénoncer l'ennemi, pleurnicher sur ses ruses, ses coups, sa puissance ? C'est un ennemi, prêt à tout pour maintenir son taux de profit. Mieux vaut s'attaquer à nos propres défaillances. Comment se fait-il que, après la chute de Lehman Brothers, nous n'ayons pas su saisir cette chance, imposer nos réformes, faire mettre un genou à terre à la finance ? Comment se fait-il que, idem, après la chute de Doux, nous n'ayons pas su saisir cette chance, reconvertir cette filière, imposer nos réformes, en faveur de la justice sociale, du progrès environnem

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