Engie : l’inhumanité à une histoire

« Le cancer n’est pas un motif recevable pour notre entreprise. » C’est ce que madame C. s’était entendu dire, quand elle a demandé à Engie de payer son gaz plus tard, vu ses frais, à cause de la maladie. Derrière cette réponse ? Tout un processus, une entreprise publique qu’on privatise, des « coûts » à supprimer.

Publié le 16 mai 2018

"J'étais partie à Lille

toute la semaine. Après ma chimio, je suis une curiethérapie. Et quand je suis rentrée hier, Engie m'avait coupé le courant. " Dans le dernier numéro, on vous racontait le cas de madame C. et comment on avait composé le 09 77 machin, comment on s'était bagarré avec le " composez le 1 ", " composez le 2 ", un labyrinthe de " # " et " * " pour aboutir à une télé‑conseillère au refrain connu, et unique, " Je crois que ça ne va pas être possible ", ou encore : " Le cancer, la chimio ne sont malheureusement pas des motifs recevables pour notre société. " Du coup, vu l'impasse, on avait causé de ses malheurs sur RMC, et aussitôt les difficultés s'étaient arrangées, une vraie personne nous avait rappelés, une cadre humaine et tout. Et c'est ça, qu'on regrettait le plus, dans notre histoire : la déshumanisation. Cette déshumanisation qui, justement, a une histoire.

1 - la suppression des centres physiques

Jusqu'en 2008, Engie - à l'époque " Gaz de France " - comptait vingt‑quatre centres d'accueil ouverts au public, avec des assistantes sociales : à Agen, Albi, Annecy, Arras, etc. Mais cette année‑là, c'est la bascule : GDF fusionne avec Suez. Ci‑gît le service public. L'entreprise ferme plus de la moitié de ses centres. Dans des documents internes, la direction invoque la faible fréquentation, mais surtout le coût : " Un contact physique peut être évalué à environ 23 €. Ce coût est largement supérieur au

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