Paris, Préfecture de police. Le 6 juin.
« Keski fait chaud ! Mais keski fait chaud !! C’est pas possible, ils ont mis le chauffage.
- Ils font exprès, c’est toujours comme ça. Pour qu’on soit mal à l’aise. »
C’est vrai qu’il fait chaud, chaud à crever, à dégouliner, la pièce est minuscule, et dix chaises pour quinze personnes. Dehors, c’est canicule, dedans c’est pire encore.
Dans cette petite salle d’attente perdue dans les étages, à la Préfecture de police de Paris, ça parle un peu toutes les langues. En français aussi, à peine, pour « aider les gens qui sont là, qui jonglent avec les papiers, les convocations », me prévient une dame blonde, assise à côté de moi. On est là tous les trois, avec Romain et Abubakr, le convoqué. Lui a traversé l’Egypte, la Libye, la Méditerranée, depuis le Sud-Soudan. Il a échappé à la guerre, aux massacres, et ce ne fut pas le cas de tous ses proches, puis à l’armée, qui l’avait coffré, torturé. Il s'est tiré de l’hôpital où il avait échoué.
Pour les réfugiés qui passent ici, dans cette petite salle, l’espoir est mince : ils se verront signifier un renvoi au pays, probablement. Voire seront placés de suite en centre de rétention pendant un jour, deux maxi, avant d’être expulsés. Le pire.
Mais avec Abubakr, on est confiants. Enfin, surtout moi. Et je lui dis, qu’il n’a pas à s’inquiéter, que ça va bien se pa