L’enfer, c’est le vote

C’est le dernier bouquin qui m’ait vraiment plié de rire. Acheté 1 euro dans une réderie, ça ne fait pas cher du kilo de joie. Mais avec Le Braconnier de Dieu, René Fallet – romancier populiste, copain de Brassens – signe, en plus de la rigolade, je trouve, une réflexion panthéiste.

Publié le 4 avril 2017

" Ce fut en allant voter Pompidou que Frère Grégoire rencontra le péché. "
Sur le chemin de l'isoloir, ce premier juin 1969, le moine trappiste croise d'abord un lombric – à qui il sauve la vie. Puis un pêcheur des PTT, dénommé Poëlon – qui lui offre deux canons de rouge. Puis une pénicvhe chargée de charbon : La Belle-de-Suresnes s'immobilisa tout contre le bord, en un long chuintement de vaguelettes. En maillot de bain deux-pièces et bleu céleste, une dame, allongée dans un transatlantique, se rasait nonchalamment la toison noire d'une aisselle, le bras tendu vers le soleil. Le malheureux Trappiste, pour ne pas offenser cette femme dont il avait violé l'intimité, n'osa pas se signer, sentit toute une suée impure lui glacer les reins. – Mon Dieu, bredouilla-t-il, y a pas, vous êtes en train de m'abandonner. L'impudique de la péniche demeura interdite, le rasoir sous les bras, face à ce religieux ahuri qui la considérait à travers toutes les flammes de l'enfer. Le voilà invité à bord, pour " consoler son âme ", et un, deux, trois verres aidant, s'engage une conversation théologique : Vous croyez en Dieu, Grégoire ? Il cria de toutes ses forces : – Oui ! Elle sursauta : – Je suis pas sourde ! Moi, j'aime la vie. – C'est du pareil au même. Dieu, c'est la vie. La vie, c'est Dieu. – Peut-être, Grégoire, peut-être. À condition de les mélanger, comme l'eau et le

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