Romaric Godin : « La Grèce, une tragédie française… »

C’est une bizarrerie: depuis deux ou trois ans maintenant, c’est sur le site de La Tribune qu’on suit la crise grecque. Alors autour d’un verre d’ouzo et devant de la moussaka, on a rencontré la cause de cette étrangeté : Romaric Godin. Pour causer de la gauche hellène, de la droite allemande, mais surtout de nos socialistes…

Publié le 2 juillet 2016

Fakir : Avant d'en venir à la Grèce, je voudrais qu'on commence par toi. Comment on en arrive à avoir, dans les colonnes de La Tribune, le point de vue le plus " de gauche " ? Romaric Godin : J'ai commencé le journalisme dans, peut-être, ce qu'il y a de pire, mais de quand même instructif, c'est-à-dire le journalisme de marché : je suivais la Bourse.

Lui : "Je ne pouvais plus les prendre au sérieux."

R.G. : Arrive la crise des subprimes, en 2007. Moi qui n'étais pas diplômé de journalisme, moi qui n'étais pas spécialiste d'économie – j'exerçais comme prof de lettres, avant –, je commence à dire : " Attention, c'est pas fini, il va encore y avoir des tensions, ça peut se casser la figure ", mais les pros de ce métier me rient au nez. Des experts m'injurient : " Mais non, ce n'est qu'une légère correction. " On est le 1er septembre 2008. Deux semaines plus tard, c'est la chute de Lehman Brothers. Je n'en tire aucun orgueil. Juste, c'est une leçon quant aux " pros " et aux " experts " : moi qui passais mon temps à les appeler, je ne pouvais plus les prendre au sérieux. C'est à cette époque-là que je me retrouve, par choix personnel, correspondant à Francfort. En pleine tempête, j'assiste, tous les mois, à la conférence de Jean-Claude Trichet, alors président de la Banque centrale européenne. Il mène une politique monétaire catastrophique. Il impose des plans d'austérité terribles à l'Irlande, au Portugal, à la Grèce. Son obsession, en pleine récession, c'est de lutter contre l'inflation ! Bref, il se fait plus allemand que la Bundesbank, et aggrave la crise de la zone euro. Mais on ne peut pas dire que je publie des papiers férocement critiques, parce que, dans le quotidien, on n'a pas tellement de pl

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