« Peut-être que Sarkozy va en prison, mais il reste au Conseil d’administration de toutes les boîtes où il grenouille : Accor, Lagardère, LOV…

– Non, c’est pas possible.

– Si si, je te jure !

– Mais il est interdit de tout emploi public pendant cinq ans…

– Public, mais pas privé ! Il peut encore diriger de grosses boîtes, même depuis sa cellule. Les associations de malfaiteurs, ça leur fait pas peur, au CAC40 ! »

On bavardait, ce lundi midi à Fakir, pendant le repas, devant nos gamelles. Et on n’en croyait pas nos oreilles, de ce que nous disait Clément.

On était estomaqués.

Certains se marraient.

Mais le pire était à venir.

« Surtout que Lagardère, maintenant, c’est propriété de Bolloré, à 75 % », a poursuivi Clément, en mordant dans son sandwich.

C’est vrai : depuis que Bernard Arnault a vendu, en juin dernier, ses parts à Vincent Bolloré, le milliardaire d’extrême-droite règne en maître sur Lagardère (et donc sur Hachette, Europe 1, le JDD, les kiosques Relay…).

Là, plus personne ne rigolait.

Tout le monde a fait le rapprochement, très vite.

Parce que Bolloré, donc, possède aussi les Relay.

Les Relay, c’est ce giga-réseau de kiosques présents dans les gares et les grandes villes. Depuis que Bolloré en a pris le contrôle, comme par magie (noire), Fakir disparait des présentoirs (comme d’autres canards de presse indépendante), au profit d’une litanie de titres très à droite, voire plus à droite encore. Nous voilà relégués, cachés, dans un coin où personne ne pourra nous trouver, ou simplement laissés dans l’arrière-boutique. Et ça n’a pas manqué : alors qu’elles se maintiennent ailleurs, nos ventes ont plongé dans les centres-villes, ou autour des gares. Nos recettes aussi.

Et notre équilibre budgétaire, déjà fragile, devient de plus en plus branlant…

Qu’on résume, donc :

Bernard Arnault, dont le groupe LVMH espionnait et infiltrait Fakir, vend ses parts de Lagardère à Vincent Bolloré, le milliardaire d’extrême-droite qui étend son empire médiatique. Qui, avec son administrateur, ex président de la République et actuel repris de justice, Nicolas Sarkozy (qui continue ses activités du fond de sa cellule), dégagent Fakir de leurs kiosques.

Vous y croyez ? C’est pourtant la vérité.

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