Bernard Arnault : Le mensonge originel de Boussac Saint-Frères

Un petit classeur rouge. Voilà où est conservée la mémoire du crime moral, voilà où sont rassemblées toutes les preuves…

Publié le 14 mars 2013

C'est touchant. C'est juste un petit classeur, rouge, avec dedans des transparents. Le même que des centaines d'écoliers. Moins d'un euro chez Carrefour. Et il faut en dire la beauté, pourtant, de ce petit classeur rouge. Car voilà comment se conserve une tranche d'histoire populaire, comment est sauvé de l'oubli un drame qui, pourtant, a fait basculer des milliers d'existences. Juste un petit classeur rouge. Tandis qu'en face, ils se font bâtir des musées, ils réalisent des films sur leur success story, ils publient des ouvrages qui les célèbrent, et distordent ainsi une mémoire à leur gloire.
Notre Section Spéciale a donc sonné chez Mademoiselle Thierry, Catherine, une maisonnette aux briques rouges parmi d'autres maisonnettes aux briques rouges, avec pour signe distinctif des dentelles aux fenêtres et un autocollant "Stop la pub" sur la boîte à lettres.

Qui est cette témoin clé ?
C'est une sœur dominicaine, née au Maroc, qui s'est installée dans la Vallée de la Nièvre en 1969 et qui ne l'a pas quittée. À la fabrique de jute d'Harondel, puis à la bâcherie de Flixecourt, elle s'est faite religieuse ouvrière, à la chaîne, durant vingt-trois années. Syndicaliste à la CFDT, elle a défendu les vaincus des ateliers aux comités d'entreprise - et désormais devant les prud'hommes. Elle a assisté au premier rang à un carnage industriel, avec ses copines et copains pour victimes. Elle avait l'intelligence pour le compre

Contenu réservé à nos abonné·es

3€ par mois seulement !

Vous devez être connecté·e à votre compte Fakir pour accéder à cet article.

Articles associés

Pour ne rien rater, inscrivez-vous à la

NIOUZLAITEUR

Les plus lus

Les plus lus

Retour en haut