Classiques épidémiques

« J’ai toujours aimé les épidémies. » C’est Gabriel García Márquez qui avouait cela. Et de La Fontaine à Giono, de Boccace à Camus, ces temps particuliers ont inspiré bien des auteurs : l’ordre social est suspendu, la subversion s’épanouit, sexe et mort se côtoient.

Publié le 15 mai 2020

«J’entends raconter cent nouvelles, fables, paraboles ou histoires, comme on voudra les appeler, dites en dix jours par une honnête compagnie de sept dames et de trois jeunes gens, qui se constitua lors de la récente épidémie… » C’est le prologue du Décaméron de Boccace : « Les années de la fructueuse incarnation du Fils de Dieu avaient atteint le nombre de mille trois cent quarantehuit lorsque, dans l’excellente cité de Florence, belle pardessus toute autre d’Italie, parvint la mortelle pestilence. » Dix amis fuient alors la ville et la peste, se réfugient à la campagne. Pour occuper leurs journées, alors que sévit la plus terrible des épidémies, ils, elles surtout, se racontent des grivoiseries. Ce texte demeure la trace d’un MoyenAge qui ne fut pas, comme on le croit, terne, gris, austère. Elisa, la plus jeune de la compagnie, 18 ans !, fait ainsi ce récit au neuvième jour du confinement « où chacun parle de ce qui lui est le plus agréable » : « Vous saurez donc qu’il y a en Lombardie un monastère très fameux pour sa sainteté et sa religion. Entre autres nonnes qui s’y trouvaient, était une jeune fille de sang noble et douée d’une merveilleuse beauté. Elle s’appelait Isabetta, et un jour un de ses parents étant venu la voir à la grille avec un beau jeune homme, elle s’énamoura de celuici. Le jouvenceau la voyant si belle, et ayant vu dans ses yeux ce qu’elle désirait, s’enflamma également pour elle, et

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