L’invention de l’isoloir

Les élections présidentielles approchent. On s’est dit qu’on allait vous parler de l’invention de l’isoloir. Ce sont des trucs tout bêtes : des bulletins identiques posés sur une table. Une enveloppe vierge. Une cabine où s’isoler pour voter. Mais chacun de ces détails résulte de longues batailles…

Publié le 29 mars 2017

À la bibliothèque, avec Antoine, on bouquinait sans trop de méthode, un peu au hasard, autour du travail le dimanche. Et dans le récit de Dumay, ouvrier du Creusot, on est tombé sur ce passage – qui décrivait comment les patrons de l'usine truquaient les scrutins : Des élections au conseil municipal devaient avoir lieu au commencement de janvier de l'année 1881. [...] Comme l'usine s'arrangeait toujours de façon à faire imprimer sa liste de candidats sur un papier très différent de dimension et de contexture de celui de la liste opposante, on ne voyait ses bulletins, qui étaient imprimés à la dernière heure, qu'au moment de l'ouverture du scrutin, donc impossibilité de les imiter. Ils étaient établis sur un papier parchemin de façon à ce que l'on sente au toucher si l'électeur votait pour ou contre l'usine. [...] Il faut ajouter que ses distributeurs étaient revêtus de la livrée de gardes de l'usine. Mais ce n'est pas tout, c'est que les électeurs devaient passer entre deux haies de contremaîtres voire même d'ingénieurs connaissant tous les ouvriers, et lorsqu'un de ces malheureux avait le courage de prendre un bulletin de vote offert par un des distributeurs de la liste républicaine, ces messieurs ne se gênaient pas pour lui dire à haute et intelligible voix : " Pas là, pas là, prenez votre bulletin au distributeur de l'usine. " Et naturellement, ils étaient obéis neuf fois sur dix. On se demande comme

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