La rumeur enflait. Elle partait des travaux de Michel Husson et de ses collègues de l'IRES - Institut de Recherche Economique et Sociale - qui causaient d'une " baisse tendancielle de la part salariale "1 . Guère militante, la Bank for International Settlements confirmait : " La part des profits est inhabituellement élevée à présent (et la part des salaires inhabituellement basse). En fait, l'amplitude de cette évolution et l'éventail des pays concernés n'a pas de précédent dans les quarante-cinq dernières années "2 . Même Alan Greenspan, l'ancien directeur de la Fed, la Banque centrale américaine, s'y mettait : il notait un " découplage entre faibles progressions salariales et profits historiques des entreprises " qui lui faisait " craindre une montée du ressentiment, aux Etats-Unis comme ailleurs, contre le capitalisme et le marché "3 .
A Fakir, découvrant cette donnée, on avait consacré des articles à ce " hold-up géant ", mais aussi une affiche, une saynète, une chanson. Plus un papier dans Le Monde diplo, une émission de radio à " Là-bas si j'y suis ", et des débats bien sûr sur ces " 9,3 % du PIB qui ont glissé depuis 1983, de la poche des salariés à celle des actionnaires ". Olivier Besancenot arrondissait à 10%. L'économiste Frédéric Lordon divisait par deux avec sérieux. Allez, même 5 %, ça laissait du grain à moudre.
5 % de toutes les richesses produites en France, vous imaginez le pactole ? 5 % de 2 000 milliards = 100
La Camisole économique
Sur commande de Nicolas Sarkozy, le directeur de l’INSEE a rendu son rapport sur « le partage de la valeur ajoutée ». Tout va bien. C’est « stable ».
Les salariés n’ont pas de quoi râler contre les actionnaires. Voilà qui devrait servir, espèrent le MEDEF et ses médias, de « base saine aux négociations ». Et pour cause : il n’y a « rien à négocier » !
Fakir corrige la copie de cette « science économique » qui doit servir de camisole aux esprits.
Publié le 17 mai 2017
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