La Nuit des arbrisseaux

Nous voilà revenus à “la nuit des arbrisseaux”, j’ai songé, en lisant votre courrier.

Publié le 9 novembre 2012

Suite à notre dossier " Contre l'oligarchie, la finance, les médias : Que faire ? ", vos courriers et courriels ont afflué. Ça aurait dû me ravir, tous ces messages. En toute franchise, ça m'a découragé, plutôt. Je me suis dit : Mais comment on va faire, si on en est là, à s'engueuler, à disserter sur l'émancipation, le capital, les syndicats, le vote, comment on va faire pour avancer ensemble ? Je me suis senti comme rempli d'impuissance. Comme si, pour progresser d'un pas, il fallait soulever des tonnes de boue, de désaccords, de préalables. Comme si nous marchions à tâtons, sans fil, dans un tunnel obscur. " Nous voilà revenus à “la nuit des arbrisseaux” ", j'ai songé. C'est un chapitre de La Semaine sainte, un roman de Louis Aragon. On est en mars 1815. Napoléon revient de l'Île d'Elbe. Louis XVIII quitte Paris à la hâte, et le jeune Théodore Géricault – qui peindra bientôt Le Radeau de la Méduse – escorte le roi dans sa fuite, vêtu de son uniforme rouge de mousquetaire. C'est un voyage initiatique qu'il entame sans le savoir. Tout comme, en ces jours de pagaille, on ignore de quel côté la France va basculer, l'âme de notre héros hésite, également, fils de bonne famille qui, pour la première fois, rencontre son pays. À Poix-de-Picardie, voilà qu'il écoute le peuple comme au théâtre. La nuit est tombée, et derrière le cimetière, dans le Bois des Arbrisseaux, caché par les branches, Théodore surprend une

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