On m'a toujours dit : ‘‘Tu ne vaux rien.'' À la maison, à l'usine… Je ne souhaite à personne les années que j'ai vécues. Faut dire que dans la famille, on était douze, alors je portais le mortier comme les garçons. Le jour de mes seize ans, je suis rentrée à l'usine, la même que mon père, que mes sœurs. C'était de la décoration sur verre, à la main, puis avec des machines semi-automatiques. À la fin, j'étais opérateur-régleur. Ça, ça me plaisait. C'était de la maintenance. C'était mon truc, j'aurais pu finir là-dedans, ça m'aurait plu. Et puis, l'usine a fermé. C'est à ce moment-là que j'ai quitté mes parents. En un sens, le licenciement, ç'a été un mal pour un bien. Mais je m'ennuyais. Je m'occupais de la petite mamie d'à côté, j'aimais bien. Je suis retournée dans une autre usine, en intérim, mais j'ai demandé à Pôle emploi de faire une formation pour m'occuper des vieux. Les trois mois de stage, ça m'a plu. C'était avec des personnes atteintes d'Alzheimer, c'est dur, mais ça m'a plu. Je me suis sentie utile à quelque chose. À l'usine, je ne servais à rien. Je veux dire, je décorais des pots de mayonnaise, à quoi ça sert ? Maintenant, j'aide les vieux, je suis utile. J'aurais aimé travailler dans cette association, mais ils n'embauchaient pas. C'est comme ça que j'ai commencé comme ‘‘mandataire''. Je n'avais aucun repos, aucun week‑end, sept jours sur sept. Avec une amplitude horaire incroyable, de
Véronique, AVS : « On a trop fermé notre gamelle ! »
Elles s’occupent des vieux, et c’est « la profession la moins payée de France ». Mais encore trop payée…
Massivement, elles risquent de glisser sous le seuil de pauvreté.
Tout ça à cause, en vrac, des élus de droite, des députés socialistes, du TSCG, etc. Et pour la plus grande détresse de nos petits vieux.

Publié le 8 mars 2018
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