La fonction première de l’impôt, c’est de financer les services communs – ou publics. La seconde, c’est de redistribuer les fortunes.
Alors, est-ce que ça marche ?
Un chiffre suffirait à prouver cette efficacité : avant impôts et transferts sociaux, le taux de pauvreté relative en France avoisine les 24 %. Après impôts et transferts sociaux, on tombe à près de 7 %. C’est trop, certes. C’est tout de même trois fois moins (publication du Sénat, 2/07/08).

Dans le détail, cependant, ce n’est pas la fiscalité, directement, qui réduit les inégalités. Plutôt ce qu’elle permet, indirectement. Les revenus primaires (c’est-à-dire avant taxes et allocations) des 20 % les plus riches sont ainsi, dans notre pays, 8,1 fois plus élevés que ceux des 20 % les plus pauvres. Après impôts, cette proportion est à peine modifiée : 7,6 fois plus. Les prestations sociales, déjà, ramènent ce rapport à 5 (grâce aux retraites, notamment : en 1970, 27,3 % des vieux étaient pauvres – contre 3,1 % en 2001). Mais qu’on y ajoute les transferts sociaux en nature (la santé et l’éducation, notamment, les bibliothèques, les subventions aux clubs de judo, les piscines municipales, etc.), et les 20 % les plus riches disposent alors d’un revenu – d’un » niveau de vie » – 3,2 fois plus élevé que les 20 % les plus pauvres.
Ici encore, c’est trop, certes. M’enfin, 3,2, c’est déjà mieux que 8,1.
L’ennui, c’est que tous les instruments d’égalité – ou d’une moindre inégalité – sont tour à tour cassés : les retraites, les services publics, et également une fiscalité déjà peu progressive – qui l’est rendue encore moins. Le balancier de l’histoire repart en sens inverse…
