L’enfer, c’est moi

Comment je me suis retrouvé là ? A moitié à poil en plein hiver ? A bouffer du buis ? Grimpé sur la statue de Jaurès ? Cerné par les pompiers et les flics ? Envoyé en enfer ?

Publié le 29 septembre 2014

La soirée avait drôlement commencé, au centre d'hébergement.

" Calmez-vous ou on appelle la police. " Derrière son guichet en bois peint, le mec de la Croix-Rouge me menaçait. " Appelez-les ! Appelez-les ces putains de flics ! J'ai rien à me reprocher ! ", je le défiais. Quelques Gitans, qui dormaient au foyer, ont pris les choses en main. Un petit tout sec, en particulier, tendu comme un arc, s'est jeté sur moi : " Casse-toi ou je te tue. " Tous ses copains se levaient un à un derrière lui. Ils parlaient une langue que je ne comprenais pas. Mais je savais qu'ils me jetaient des sorts - et moi, malin, pour les contrer, j'invoquais Ali-la-pointe héros de la guerre d'Algérie qui se radinait depuis le paradis. " Casse-toi ou je te tue ", me répétait le Gitan. Contre lui, j'avais beau exhorter tout le monde, secouer Robespierre avec mes formules magiques, l'autre ça ne l'impressionnait pas, il avançait vers moi, il cherchait doucement l'air de rien un truc dans sa poche, j'ai vu briller une lame. * J'ai arraché la porte, presque, pieds nus, tee-shirt*], le Gitan sur mes talons, et c'était les rues de Montpellier cette nuit du 7 janvier. J'ai couru, et il courait aussi, derrière, et il y avait la peur qui montait, je me retournais, je le voyais se rapprocher, avec sa lame, et je savais que je pourrais rien faire. Je sentais que j'allais claquer là, alors d'un bond, dans une rue qui montait, j'ai sauté sur un mur. Il y avait cinquante mètres de vide de l'aut

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