De Poorter, le seriel-fermeur (3)

Lino Ventura l’énonçait, dans les Tontons flingueurs : « Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît ! » On dirait la même chose des PDG, aujourd’hui : « Les patrons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît ! » Ça ose encaisser les subventions et aligner les plans « sociaux ». Ça ose toucher du CICE et se réfugier dans les paradis fiscaux. Ça ose remettre en cause l’Organisation internationale du travail, et même le travail des enfants ! « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! » C’est tout le patronat, on dirait, qui a fait sienne la devise de Danton. Quand on dépasse les bornes, y a plus de limite. Le Crédit Impôt Compétitivité ? Le pacte de responsabilité ? La loi Macron ? El Khomri bientôt ? Ce n’est jamais assez. Jamais assez d’allègements ! Jamais assez de flexibilité ! Jamais assez de subventions ! Alors, Fakir a dressé le palmarès des pires. Avec cette question lancinante : alors que les PDG sont si audacieux, pourquoi, devant eux, sommes‑nous si lâches ?

Publié le 15 novembre 2016

Un lundi matin, sous la pluie, place Gambetta, au cœur d'Amiens. Des drapeaux CGT flottent, on s'approche, quelques mecs distribuent des tracts mouillés. " Notre boîte va fermer. " Pas de surprise. " Notre patron a repris la boîte, il y a trois ans, juste pour la couler. Tout était prévu. Ce qui est fou, c'est qu'on le laisse faire, on l'accueille à bras ouverts. " Jérôme, le délégué CGT d'Airchal, me fait le portrait de son boss : " Yves De Poorter est belge, il vit entre Dubaï et Singapour. Quand il vient à l'usine, il loue le château d'à côté et arrive en Jaguar. Il méprise les travailleurs, dit en permanence que le droit français est trop contraignant, qu'il déteste les syndicats. Un vrai salaud. " Airchal, pourtant, à Flixecourt, dispose d'un savoir-faire, dans le traitement de l'air. Ils ont équipé des tours de la Défense, la Cité du cinéma à Paris, la centrale nucléaire de Flamanville, et même une piste de ski en Égypte. Mais le groupe a ouvert une filiale en Allemagne, et a donc revendu sa branche française à ce Belge. " Depuis le début, il est là pour couler la boîte, pour qu'on ne soit pas repris par un concurrent du groupe. On s'en est rendu compte par des petits détails. Un salarié qui tombe malade, et la mutuelle qui ne le rembourse pas : l'entreprise n'avait pas payé le dernier trimestre. Les vestiaires devenaient sales, les femmes de ménage ne venaient plus. Et même, à un moment, on était obligé d'amener notre PQ ! E

Contenu réservé à nos abonné·es

3€ par mois seulement !

Vous devez être connecté·e à votre compte Fakir pour accéder à cet article.

Articles associés

Pour ne rien rater, inscrivez-vous à la

NIOUZLAITEUR

Les plus lus

Les plus lus

Retour en haut