« J’ai senti la mort dans mon ventre »

Marion a perdu sa petite. Et de sa douleur, elle tire une leçon politique.

Publié le 14 janvier 2020

Marion discutait avec François, après une projection de J'veux du soleil !, près de Pau, et dans le brouhaha, je n'entendais pas très bien. Je chopais juste quelques bribes : " Mon bébé... perdu... hôpital… ", une horreur en filigrane, qui contrastait avec son sourire, sincère, de jeune femme épanouie. Je me suis rapproché : " J'ai perdu un bébé, oui, le 20 décembre. Enfin, ‘‘perdu''… J'aime pas cette expression, ‘‘perdre'', c'est de l'euphémisme, pour ne pas choquer la société. Il ne faut pas dire ‘‘mort'', mais c'est le mot, en fait. " Marion est prof de philo, la trentaine, " privilégiée, dans le système ", de bons médecins pour la suivre. Et puis, " on s'est séparés pendant ma grossesse, avec le papa. Alors, je suis entrée dans une démarche pour être forte, capable de me débrouiller toute seule ". Ronde, dans les dernières semaines, elle manifeste même avec les Gilets jaunes. " Ce mouvement, pour moi, il a le goût de ma grossesse. " Tout se passe bien, jusqu'aux derniers jours. Mal au ventre, un soir. " J'ai appelé la sage‑femme à la maternité qui m'a dit : ‘‘Prenez un spasfon, détendez‑vous, et venez si ça ne va pas mieux. '' Alors, je me le redis : je dois me débrouiller seule. Pourtant, j'étais suivie comme une grossesse à risque. J'avais choisi l'hôpital public par conviction, je pensais que ce serait le mieux pour accoucher. Mais, durant mon suivi, les obstétriciens faisaient des rendez‑vous au quar

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