La bio illusion

Stéphane comptait se la couler douce, à la campagne. Pendant que Valérie cultivait son potager bio. Loupé.

Publié le 2 septembre 2016

Jumilhac, vendredi 8 janvier. " On avait mis notre maison en vente sur Le bon Coin... " Dans la nuit, les essuie-glaces grincent sur le pare-brise. " La semaine dernière, on a retiré l'annonce. Grâce aux 2500 € qu'on a reçus du crédit d'impôt, ça nous a redonné un peu espoir... " C'est un ex-dessineux de Fakir, Stéphane. Il m'a proposé le gîte, et il en profite pour me retracer sa carrière parce que, ces dernières années, de loin j'ai du mal à suivre : tantôt emballeur de madeleines à la chaîne, pigiste pour " Réussir en Périgord ", vendeur de hamburger dans sa camionnette. " Et Valérie ? je demande. - Elle n'arrête pas de bosser, je comprends pas. " C'est sûr que, pour Stéphane, ça relève du mystère, le travail. Lui s'affiche comme un branleur invétéré, et désormais contrarié. Les héros de sa BD, " Trip et Trash, glandeurs associés ", ne décollent pas d'un canapé où ils alternent bières et pétards. " Elle passe ses journées dans ses serres, à faire pousser ses légumes, jusqu'à la nuit, ou à essayer de les vendre sur les marchés. Mais là, la sécheresse, ça lui a laminé le moral. Elle a baissé les bras. Mais pour qu'elle s'accorde une pause, il a fallu qu'elle se fasse opérer du pied. " Dans leur jolie baraque, maintenant, rustique en bois et tout, qu'ils ont retapée à la force des poignets, on chuchote. Leur fils Lenny, quatre ans, dort à l'étage au-dessus. " Le bio, c'est une illusion. " Valérie a le visage creusé,

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