On est à Rive-de-Gier (Rhône), le 5 avril 1844 :
" La cavalerie a formé un demi-cercle devant les charrettes, relate le procureur de Lyon, elle a repoussé à coups de sabre les ouvriers qui faisaient pleuvoir des pierres sur eux. L'agression est devenue plus vive, les armes ont été chargées. L'infanterie, criblée de pierres, a tiré plusieurs coups de fusil. "
Depuis la loi Le Chapelier en 1792, la grève est formellement interdite. Alors, tant qu'à être hors-la-loi, pourquoi l'être à moitié ? En cette aube industrielle, les prolétaires s'arment aussitôt de bâtons, de pioches, de pierres. Les grèves sont alors brusques, brèves, violentes : elles éclatent, comme un éclair de révolte, dans une nuit de résignation. Malgré les fusils, malgré l'arrestation des " meneurs ", le mouvement ouvrier croît. Et huit ans plus tard, en 1852, le procureur de Lyon, toujours, lui rend presque hommage, à l'occasion d'une grève dans la peluche, à Tarare (Rhône) : les grévistes " s'entretenaient au moyen de secours envoyés par les caisses ouvrières de Lyon. On a ainsi une nouvelle preuve de l'esprit de solidarité et de l'effort d'organisation qui existe chez nos populations ouvrières malgré la différence des industries et sur la base unique d'une communauté d'intérêts de classe ".
Le droit de grève: un ébranlement général
Fakir poursuit son « dictionnaire des conquêtes sociales ». Depuis la Révolution jusqu’au Second Empire, les grèves sont interdites, et n’en tournent que plus vite à l’émeute. Napoléon III, puis la IIIe République, vont lentement les légaliser. Une manière, aussi, de les canaliser.
Publié le 10 décembre 2013
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