Marion Robin : « Le problème, c’est le silence de la société. »

Marion Robin est psychiatre pour adolescents à l’Institut Montsouris, à Paris. Pour elle, la souffrance des jeunes est d’abord un symptôme : celui d’une société qui va mal, où les liens se délitent au profit de la compétition.

Publié le 28 avril 2023

Le problème, c'est le silence de la société

Marion Robin est psychiatre pour adolescents à l’Institut Montsouris, à Paris. Pour elle, la souffrance des jeunes est d’abord un symptôme : celui d’une société qui va mal, où les liens se délitent au profit de la compétition. Fakir : Quel diagnostic faites‑vous du secteur ? Dr Marion Robin : La pédopsychiatrie est dans une extrême difficulté, une extrême précarité. Le rapport de la Cour des comptes pose un diagnostic là‑dessus. L’hôpital est exsangue et peine à recruter. La recommandation, pourtant, c’est d’hospitaliser les jeunes à tendances suicidaires, mais au même moment, on constate que des lits d'hôpital manquent. Nous avons, quoi ? Peut‑être un lit pour vingt, vingt‑cinq demandes ? Les services sanitaires sont débordés, du coup des ados suicidaires sont renvoyés chez eux, dans des conditions trop risquées, alors qu’on devrait les garder. Bref, on n’est pas en mesure d’assurer un soutien suffisant à la santé des jeunes. Et comme leur souffrance psychique générale augmente, il est d’autant plus difficile de répondre correctement à ceux qui sont atteints de maladies mentales : trouble bipolaire, schizophrénie, anorexie… F. : Comment ça se traduit, concrètement, pour les jeunes que vous accueillez ici ? M. R. : Les jeunes arrivent souvent en disant « J’en peux plus » mais leur état s’améliore s’ils sont pris en charge par quelqu

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