L’exploité du mois : Anne, l’exploitée qui déménage

«Tu veux la liste de mes déménagements ? Y en a eu quatorze ! On suivait mon père dans ses mutations, il était prof. Et puis plus tard, j’ai déménagé en suivant mes hommes. Mais bon, je changeais plus souvent de maison que d’homme, hein ! »

Publié le 9 décembre 2022

Elle se marre, Anne, ses lunette rondes sur sa bouille enjouée et ses boucles frisées. C’est comme ça qu’elle a débarqué à Amiens, après avoir bourlingué un peu partout au nord de la Seine. Depuis sept ans, elle a tout fait, ou presque, à Fakir : « Les envois, l’enregistrement des abonnements, les campagnes et le porte-à-porte, puis ouvrir le courrier des lecteurs… », elle calcule. « Et maintenant la correction-relecture, pendant le bouclage ! » Faut dire qu’elle a eu l’habitude de traquer les fautes : elle était instit’, avant. Un genre de vocation. « J’ai commencé, j’avais pas dix-huit ans. J’ai fait tous les niveaux, mais pas tous les milieux. J’étais surtout en Segpa, en Zep, dans le monde rural… — C’était par choix ? — Ah oui. J’ai fait une année, une seule, chez les bourges, mais j’ai pas tenu : t’avais l’impression que n’importe qui pouvait être là à ta place. Les gamins étaient amenés à l’école par les employés de maison, ils avaient déjà tout vu, voyagé dans le monde entier… Alors qu’avec les gamins en difficulté, t’es obligée de chercher des solutions pas classiques. Et puis, y avait avec eux, même s’ils étaient fracassés, un facteur affectif dont j’avais besoin. » Y a sept ans – elle en a 64 aujourd’hui – Anne quittait les bancs de l’école, « parce que crevée », direction la retraite. « Mais pendant un an, je ne pouvais pas passer deva

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