Au pays de Gandhi

Entretien avec Domenico Losurdo, philosophe et historien à l’Université d’Urbino.

Publié le 7 novembre 2014

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Fakir : Dans votre article, vous mettez en lumière les échecs, les ambiguïtés du mouvement non-violent, depuis l'American Peace Society au XIXème siècle jusqu'au Dalaï-Lama aujourd'hui. Domenico Losurdo : Oui, nous connaissons tous le sang et les larmes qui ont terni les projets de transformation du monde par la guerre ou la révolution, mais que savons-nous des difficultés, des défaites et des tragédies complètes vécues par le mouvement inspiré de la non-violence ? Fakir : Dans ce panorama, vous réservez une large place à Gandhi. D.L. : Certes. Mais puisqu'on va évoquer l'Inde, peut-être pourrait partir de la révolte des cipayes. Le 10 mai 1857, ces soldats indiens des armées britanniques se révoltent : ils refusent d'utiliser des cartouches suspectées de contenir de la graisse animale. Entraînés, ils prennent Delhi, et la panique gagne Bombay, Madras, Londres. L'idéologie dominante souligne alors la cruauté des sauvages, et justifie ainsi une répression au moins aussi cruelle : " Pas un jour ne passe sans qu'on ne pende dix ou quinze d'entre eux [des non-combattants] ", écrit un officier anglais. Ou encore : " Nous tenons des cours martiales à dos de cheval, et chaque nègre que nous croisons est soit pendu soit fusillé ". Même le Times admet, à travers une lettre, que " les troupes européennes se sont changées en monstres dans la lutte contre les indigènes ". Comment réagit Marx ? Il reconnaît, certes, que les rebelles avaient commis d

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