" Mes camarades, est-ce que vous êtes employées du secteur automobile ? "
Perchée sur un établi, Selma haranguait plusieurs centaines d'ouvrières.
" Ouiiiii !
– Est-ce qu'il existe une convention collective pour les salariées de la métallurgie, dont vous faites partie ?
– Ouiiiii !
– Est-ce qu'elle est appliquée ici ?
– Nooooon !
– Est-ce que vous voulez son application ?
– Ouiiiii !
– Je rédige un tract et dépose un préavis de grève pour sa mise en place. Vous êtes d'accord ? "
Une marée de poings levés lui répondait, et de ces poitrines montait une vague :
" Achaab yourid ! Achaab yourid ! "
" Le peuple veut ! "
Achaab yourid isqât al-nizâm !, le peuple veut la chute du régime !, le slogan de la Révolution était repris ici en version courte, puissante, en simple volonté du peuple de l'usine. La direction avait dix jours pour accepter le respect de la convention collective. Dix jours avant que le préavis de grève ne soit déclenché, dix jours pour augmenter toutes les ouvrières de 30 %, et que le minimum légal dans la métallurgie soit respecté. À Lyon, UBM menaçait déjà de fermer la boîte. Selma ne bougeait pas, inflexible : elle avait la loi pour elle, et ses collègues prêtes à aller au combat. Nassim la prit par le bras dans un couloir : " Attends-moi ce soir à la sortie. "
Ils n'échangeaient que très rarement dans l'enceinte de l'usine, protégeant leur histoire explosive.
À cent mètres des grilles, dans le local
Les deux amours de Selma (2/2)
Publié le 13 février 2015
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