Mon samedi jaune

Me voilà transformé en cahier de doléances ambulant, ce samedi 17 novembre, au milieu des gilets jaunes. C’est bien là ma place.

Publié le 19 mars 2019

"Oh ! Un à la fois, je suis pas en stéréo ! " Sur le barrage " ouest ", à Flixecourt, ce samedi 17 novembre, je suis assailli par des " gilets jaunes ", des gens quoi, qui se sont saisis de cet attribut. à mon oreille droite, un routier redoute pour son permis à points : " On vit dans le stress, dans la peur, avec tous les radars, le 80 km/h, ça met des familles dans la misère. " Dans la foulée il me cause de son fils : " Il faisait du juridique, pour devenir avocat, ou juge, mais nous on n'a plus les moyens de l'aider, on n'y arrive plus... Maintenant, il est entré chez Auchan. C'est un gâchis. " J'essaie de lui dire que c'est un gâchis pour lui, mais aussi pour le pays. J'essaie seulement. Dans mon oreille gauche, une dame, cheveux blancs, qui a travaillé dans le bâtiment, qui a conduit un camion‑poubelle, qui a donné naissance à six enfants, me détaille sa retraite, 1 013 €, sa Carsat, sa complémentaire, sa CSG (je n'y comprends jamais rien, je fais toujours semblant, mais elle poursuit, et ça je comprends beaucoup mieux) : " Je mange du pain et du lait, du pain et du lait... Et ma fille, elle habite Troyes, elle étudie la gestion des entreprises, son APL a baissé mais son loyer a augmenté ! Alors que l'autre avait promis que ça baisserait. Et je ne peux pas la soutenir, je suis à zéro, rien qu'aller la voir, en essence, en péages, ça me coûterait cent euros... " Je suis un cahier de doléances ambulant, ce matin, " notez bien " qu'

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