Autoroutes : le crime originel

« La dette, la dette, la dette ! » C’est le mantra, l’obsession, comme Harpagon qui ne vit que pour sa cassette. Et c’est le refrain qui va justifier, au milieu des années 2000, de privatiser les autoroutes françaises. Quinze ans plus tard, le scandale perdure…

Publié le 5 septembre 2019

2005 : il faut dé-sen-det-ter !

Les premiers coups de canif sont donnés par la gauche, au tout début du millénaire, par le gouvernement Jospin. Pas de privatisation, non, pensez donc, pas nous, pas ça, mais de suaves " ouvertures de capital ". Pour sept milliards d'euros. La brèche est ouverte. Après les Présidentielles de 2002, la droite va l'agrandir. C'est que le gâteau fait saliver : dix mille kilomètres d'un réseau autoroutier bientôt amorti. D'ailleurs, même à droite, beaucoup sont sceptiques. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, proteste : économiquement, c'est un non-sens. Tous les rapports le disent. Mais " quand j'ai quitté Matignon, Bercy est arrivé pour prendre sa revanche et pour vendre au Premier ministre de l'époque cette idée sublime qui était de privatiser les autoroutes ". C'est Thierry Breton, alors ministre de l'Economie, allié à Nicolas Sarkozy, qui l'impose : " Il faut dé-sendet-ter la France ! " Comme si les deux mille milliards de dettes allaient s'éponger comme ça, le noble prétexte... En 2005, un peu plus de sept mille kilomètres sont bradés, pour 14,8 milliards, à trois sociétés : Abertis, Eiffage et Vinci. Un prix de la vente sous-évalué de dix milliards, selon la Cour des comptes. Même dans la majorité, certains s'arrachent les cheveux. Gilles Carrez, rapporteur du budget à l'époque : " Je n'ai pas compris cette décision. Le gouvernement disait que cette privatisation allait servir au désendet

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