L’agonie du vent

Pour faire écolo, on ferme une usine d’éoliennes, et on transporte les mâts à travers l’Europe sur de gros camions bien polluants. Vous la voyez, vous, la logique ?

Publié le 24 septembre 2019

Tout est immense, ici. Dehors, c'est un hangar grandiose, cent mètres de long, peut-être plus, dix mètres sous le toit, des portions de mâts démesurés, de quatre mètres de diamètre. Même le bureau dans lequel nous reçoivent les salariés, et la direction. On est dix, on pourrait y entrer à deux cents. On se sent tout petits. C'est Gulliver chez les géants : nous voilà au pays des éoliennes. Mais l'affaire a du plomb dans les pâles. " On a eu trois redressements judiciaires et on n'a jamais vu personne bouger ! " Imad, les dents serrées, lâche sa colère devant sa direction. Lui et une cinquantaine de collègues fabriquent des mâts d'éoliennes pour FrancEole, à Longvic, en lisière de Dijon. On pourrait croire que les éoliennes ont le vent dans le dos, vont dans le sens de l'histoire. Mais non. Le seul fabricant français de mâts en acier vit une lente agonie industrielle, ponctuée de sursauts d'espoir. Comme en septembre 2017, quand l'usine est rachetée par Nimbus, un fonds d'investissement néerlandais. Qui promet monts et merveilles : la totalité des emplois préservés, des investissements. La fatalité industrielle semble s'enrayer, l'éolien français n'a pas dit son dernier mot. Mais un an et demi plus tard, rebelote. Nimbus a certes investi, mais seulement 300 000 €. L'équivalent d'une semaine de production. Le prix d'un seul mât. 1 % du chiffre d'affaires de 2016. " Ça nous a permis de tenir dix-huit mois " soupire Sophie, la dire

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