Les racines de la colère

C’est compliqué, comme genre, le roman-photo. Pas simplement on prend des clichés et on rajoute des bulles. Et voilà que je découvre Les Racines de la colère, « deux années d’enquête dans une France qui n’est pas ‘En Marche!’. » Un compliment me vient, tout simple : « C’est vrai. »

Publié le 11 septembre 2019

Le dimanche soir, à Proyart, le week-end se terminait par une visite chez l'oncle Serge. Le grand-oncle, en fait. Ca ne rigolait pas. On s'asseyait sur les sièges en paille, autour de la toile cirée, et les enfants devaient se taire. Ne pas bouger. Ne pas jouer. C'était une époque comme ça. Le tonton causait du " remembrement ", c'était assez mystérieux, ce remembrement, ça ne lui plaisait pas de trop, il marmonnait, bougonnait, après la mairie, la préfecture, la chambre d'agriculture, et sinon il bougonnait après la météo, qu'il pleuvait trop pour le blé, ou pas assez pour les patates, ou le froid, ou le chaud, et avec mon père, ça causait chimie aussi, les nouveaux traitements, contre le mildiou surtout, c'est un mot qui m'amusait, le mildiou, mais qui les amusait beaucoup moins, eux, et ils discutaient des procédés. Bref, ma soeur et moi, fallait se tenir à carreau, à regarder les mouches voler, se coller au ruban gluant qui se déroulait depuis le lustre. La seule distraction, c'était Femme actuelle. Dedans, se trouvait une page, ou deux, je ne sais plus, de roman-photo. Ca causait d' " amour ". C'était mystérieux, à peu près autant que le remembrement. Il me reste, comme ça, une vague image de dentiste, à son cabinet, " Vous pouvez me sortir le dossier de Madame Luette, Christine? ", et sa secrétaire Christine lui répondait " Mais bien sûr... ", et en même temps on voyait trois petits points qui lui sortaient de la tête: " Il n'a pas rema

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