Bienvenue chez les Amish

« Dites-moi les noobs, on ne va quand même pas revenir au Minitel et à la mobicarte ! » C’est au cours de son billet Youtube [C’est pas très branché, YouTube, si ?] quotidien qu’Emmanuel Macron a fustigé les apôtres de la décroissance et de l’obscurantisme. Et il en a profité pour dresser le portrait de la France de demain. « Une France virtuelle, où les followers auront remplacé les électeurs ! » Avant de conclure : « Vive la République connectée et vive la France. Et si tu as aimé cette vidéo, n’oublie pas le petit pouce bleu qui fait plaisir et le partage ! »

Publié le 15 octobre 2020

Le monde d’après

« Je crois que les français ont la nostalgie de cette parenthèse enchantée que fut le confinement. Où, d’apéros zoom en télétravail, ils ont enfin touché du doigt le XXIe siècle. » Emmanuel Macron a rappelé que la crise sanitaire était une chance pour la France d’enfin basculer dans le monde d’après. « Qui a envie de revivre à nouveau des dimanches chez Tata Evelyne, entre balades en forêt et belote coinchée, quand on a goûté aux joies d’un weekend de scrolling sur insta ? »
« La société de demain sera numérique ou ne sera pas ! La 5G c’est maintenant et tout de suite. Mon frigo connecté vaut bien un cancer. » Le Président est convaincu que le bonheur des Français passe par la 5G. « Il nous faut plus de débit, plus de stockage. Le mégabit c’est la vie. »
Et le président d’ajouter : « Les Français sont bien plus attachés à leur réseau qu’à leur retraite ! Dans la rue, vous entendez plus souvent ‘‘tu captes ?’’ que ‘‘tu cotises?’’… » C’est une nouvelle ère, révolutionnaire. « Finis les manifs, les révoltes, les combats sociaux interminables pour gratter 2 % d’augmentation. Demain pour changer la vie, il suffira d’un casque de réalité virtuelle et d’un bon réseau 5G. » L’univers de tous les possibles s’ouvrira alors. « Un monde de salaires virtuels, de retraites virtuelles, de fraternité virtuelle. Pourquoi se faire chier avec une vie de merde, quand la réalité virtuelle est à portée de clics ? »

Qui sont les séparatistes écolos ?


« Je n’ai pas Facebook ni insta, je vais un peu sur Twitter mais j’essaie de limiter au maximum. » Antoine a 43 ans, ne porte pas la moustache et pourrait passer inaperçu. Pourtant il a décidé de vivre en marge de la société. Quoi qu’il en coûte. « Le weekend, je fais un peu de jardinage, en mode permaculture. » Bien sûr, c’est ridicule, mais le phénomène s’amplifie et inquiète jusqu’au sommet de l’état. « La République 2.0 n’admet aucune aventure séparatiste. Nous devons rester un peuple connecté. » Au ministère de l’Intérieur, on s’interroge car certains basculent déjà dans la violence. « Boycott d’Amazon, droit à la déconnexion… On assiste à un véritable ensauvagement de la mouvance écolo ». Sans même parler des saccages d’antennes-relais. Gérald Darmanin s’alarme d’ailleurs du recours de plus en plus fréquent de ces terroristes au droit à l’oubli numérique : « Cela pose un vrai problème de sécurité qu’ils puissent s’évaporer dans la nature. »

Enfants du placard

Victimes collatérales de ces dérives sectaires, les enfants. Antoine l’avoue sans honte, il « limite le temps d’écran de [ses] enfants à 30 minutes par jour ». Cette maltraitance d’un genre nouveau a encore du mal à être appréhendée par les services sociaux. « Comment vont grandir ces enfants du placard numérique ? Deviendront-ils des adultes équilibrés, ou les retrouvera-t-on dans des spectacles de rue ? Et surtout réussiront-ils à se faire des folllowers ? » On n’en sait malheureusement encore rien…

ALERTE ENLÈVEMENT

Voilà six jours que le petit Kylian, 8 ans, ne s’est pas connecté à TikTok. La dernière fois qu’il a été tracé, ses parents l’inscrivaient à une école de cirque.
Sa mère est généralement vêtue d’un sarouel, et est potentiellement armée d’un diabolo. Si vous l’apercevez, ne twittez pas, mais contactez la police.

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