Nantes, donc, son château des Ducs de Bretagne, sa Loire, et sa préfecture fakirienne, montée depuis peu par Andréa, 32 printemps.
Ce ne fut pas simple, pourtant : l’exploitation volontaire, il a fallu qu’on l’y pousse, Andréa. « D’abord, c’est le père de mon copain qui nous a parlé de Fakir. J’habitais encore Paris. Comme on a aimé, on a offert quelques numéros à un ami de fac. Lui nous a dit qu’il fallait qu’on se bouge, que François se présentait aux Législatives. Du coup, on est allés quelques week-ends à Amiens donner un coup de main pour la campagne. » Le piège se referme. « Le porte à porte, c’était la première expérience militante de ma vie ! Au début, j’étais super impressionnée. »
Elle peut être un brin timide, Andréa :
le « complexe de l’imposteur », comme elle dit. « Je ne peux même pas dire que j’étais politisée. En manif, où j’allais toute seule quand mes potes se rendaient au ciné, les chants, tout ça, je découvrais un autre monde. J’étais super inhibée, je me sentais même coupable, l’impression de ne pas être à la hauteur quand je voyais tous les autres… Tu peux être pointue dans un domaine mais à la ramasse partout ailleurs. » Elle aime se flageller. Mais pointue, elle l’est, oui : une thèse en physique optique, une carrière de pentathlète (équitation – natation – escrime – tir – course) où elle décroche même un titre de championne de France scolaire (faut pas le dire, elle aime pas ça).
Mais elle aspirait à respirer, à autre chose. « Je vivais tout ça mal. La compétition dans le sport, je n’aimais pas. Et niveau études, tout mon temps de cerveau disponible était pris pour le boulot, je ne faisais rien d’autre. C’était un environnement élitiste, j’ai eu une réaction de rejet. » Elle s’offre donc une année sabbatique à bosser dans une asso d’aide aux migrants. « C’est là que j’ai compris ce que je voulais faire. » Et choisit de devenir prof de maths en lycée pro, « une vocation inconsciente ». Elle « fuit » Paris et ses ventes à la criée pour s’exiler à Nantes avec Basil, son copain. Et la voilà bombardée Préfète sans avoir eu le temps de dire oui. « C’était en 2019 : à peine arrivée, Thibault me demande d’organiser le meeting nantais pour lancer la campagne ADP, avec François en invité ! J’avais une semaine ! J’étais sous l’eau, mais ça s’est bien passé. Et dès ce premier soir, j’ai rencontré plein de gens qui sont dans le groupe avec moi aujourd’hui, Nadège, Gurkan, Yohan, Thomas, Audrey… » Avec ses nouveaux compagnons, elle multiplie les actions tous azimuts, désormais. Karaokés militants, café Fakir, tractages, collages, actions inter-orgas à la maison du Peuple, défense des soignants, campagne anti-pub. « Finalement, militer m’a donné confiance en moi. » On lui avait bien dit…