Dans la cuisine de Darwin (n° 109)

Trente ans que Darwin classe ses milliers de coupures de presse, collectées une à une, rangées dans des classeurs, des cartons, ou punaisées aux murs de sa cuisine. « C’est pour ne pas oublier d’être en colère », précise‑t‑il. Bienvenue chez le philosophe accro à la presse people.

Publié le 15 septembre 2023

Par

Les fausses rebelles, ELLE, 8 février 2023.

On a là deux jeunes femmes, Élise et Julia, qui ont fondé leur agence de communication, nommée « Élise&Julia », ce qui est déjà une belle preuve de créativité. Leur boulot consiste à ripoliner, à botoxer des entreprises après les avoir appâtées comme « expertes en jeunesse » - c’est ainsi qu’elles se présentent. Elles choisissent de gros clients, et donc de gros budgets : LVMH, Zalando, Google, des boîtes de publicité... Ici, le langage est un élément crucial pour justifier leur statut de spécialistes en « jeunes » : elles ne parlent pas d’« opération » mais d’« opé », pas de « folie » mais de « folz », déforment les mots pour parler, donc, comme les ados. Cela n’empêche pas de savoir compter, elles le disent : « On s’est demandé combien facturaient Havas ou McKinsey. On s’est dit : on est meilleures, on ne délègue pas le boulot aux stagiaires. Pourquoi se ferait-on payer moins cher ? » Et, de fait, elles facturent leurs services 3000 euros par jour. Ce n’est même plus du culot, c’est de la cupidité ! On vit une inversion des valeurs, qui aurait fait sourire La Rochefoucauld : les défauts, les vices sont promus, dans une économie elle-même viciée. Et tes vertus te condamnent. La conscience professionnelle, par exemple, est assimilée à de la fragilité. Quand Élise et Julia expliquent qu’elles ont triché sur leur CV pour être embauchées, c’est

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