Délocalisation, le cas Whirlpool

En 1989, Whirlpool (alors Philips) comptait 38 usines dans l’Europe des douze. Il lui en reste aujourd’hui sept dans l’Europe réunifiée. Des « économies d’échelle », se félicite le PDG. Et grâce à quoi ? Au transport pas cher. Qui rend les délocalisations rentables.

Publié le 10 juin 2016

C'était le premier plan social que je suivais,

en 2002, chez Whirlpool. Les lave-linge partaient d'Amiens pour Poprad, en Slovaquie, avec 360 emplois en jeu. A la conférence de presse, les syndicats racontaient des histoires de " Livre 4 ", de " comité d'établissement ", " d'hygiène et de sécurité ", j'avais pas tout compris. A la fin, dans un coin, discrètement, un peu honteux, j'ai demandé à un délégué : " Mais pourquoi, au fond, pourquoi les lave-linge partent en Slovaquie ? - Tu veux vraiment savoir ? Alors, je vais te remettre une copie du rapport Sécafi-Alpha. Tu ne diras pas que c'est moi qui te l'ai donné : normalement, c'est confidentiel. Et tu le ramènes la semaine prochaine. " J'ai épluché ça, durant un week-end. C'était un gros dossier, plein de chiffres, de graphiques, mais vraiment très instructif. L'impression m'est venue, au fil de ma lecture, de comprendre la mondialisation, presque de l'intérieur. Je me suis mis à la place des patrons. Alors voilà : Le prétexte, c'était – annonçait le directeur – qu' " en déplaçant notre production vers l'Europe centrale, on se rapproche de nos marchés ". Délocaliser ne semblait, dès lors, que justice : puisque ce sont les Tchèques, les Polonais, les Bulgares, qui achètent, comment s'étonner qu'ils héritent aussi des emplois ? Certes. Sauf que, à l'époque, 70% des lave-linge fabriqués à Amiens (plutôt du haut de gamme) étaient vendus en France. Et les 30% restants,

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