" Je faisais de la Pologne au moment du coup d'État de Jaruzelski.
Je discutais avec les routiers, avec des délégués d'ateliers, et c'est comme ça, je pense, que les gens de Solidarnosc m'ont repéré. Ils m'ont approché, et les voyages d'après, en plus des bûches glacées, je transportais des tracts, du matériel pour leurs militants. "
Son camion, Jean-Louis l'habite depuis près de quarante ans. Il a vu l'Algérie avec, l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, l'Irak je crois, je sais plus, je me perds un peu dans ses trajets et dans mes notes. Il a préféré ça, un peu l'aventure, à une carrière de cadre dans les PTT.
" Je voulais faire de la longue, c'est ça qui m'intéressait. Découvrir les pays d'Europe, vu qu'ils allaient bientôt tous se ressembler, avec des autoroutes, des rocades, des hypermarchés... "
Pour aujourd'hui, c'est moins exotique : on navigue entre la Somme et le Pas‑de‑Calais, entre Roye et Hénin‑Beaumont.
Son périmètre s'est rétréci :
" L'international, en France, c'est complètement mort. En 1992, avec le Marché unique, c'était la fin des douanes, on n'avait plus à camper aux frontières. Mais pour nous, ça a tué l'international : les Espagnols, les Portugais, les pays de l'Est surtout ont débarqué. "
Je lui demande des chiffres, à Jean-Louis.
Mais Jean-Louis, les chiffres, c'est pas trop son truc.
Ce sont des preuves moins théoriques qui le titillent.
" Viens, je vais te montrer notre ennemi. "
On est sur le p
Un dernier rail pour la route
Mory liquidé avec 2200 emplois à la clé, 500 chez Gefco, 600 chez Intermarché…
Ça dégraisse sévère, ces temps-ci, chez les camionneurs.
Le secteur se porterait-il mal ?
Au contraire : grâce à ces licenciements, la route demeure compétitive, la clé de voûte du Capital en Europe.
« Les transports sont fondamentaux pour notre économie et notre société. »
C’est le dogme, pour la Commission européenne : il faut que les marchandises circulent vite et pas chères. Sinon, pour les multinationales, les délocalisations ne seront plus rentables.
Sinon, les profits du dumping risquent de se perdre en chemin.
Fakir revient sur quarante années d’histoire, met à nu des décisions.
Car si le fret a explosé, si la route a conquis une hégémonie, si le rail se ramasse, si les routiers sont essorés, ce n’est pas le fruit de la fatalité.
Mais bien d’une volonté politique, qui prévaut encore aujourd’hui. Malgré les beaux discours sur « l’écologie », « l’avenir de la planète », « le réchauffement climatique »…
Publié le 14 mars 2018
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