Les routiers sont blasés

Du foklore a disparu. À force de sécurité, d’autoroutes et de GPS , leur métier s’est normalisé, routinisé. Pour le moins pire, aussi, parfois.

Publié le 13 mars 2018

Y avait une manif au Mont-Blanc, contre le tunnel et ses poids-lourds. Je me suis donc rendu à l'aire de Passy, vingt kilomètres en aval, où se reposent les camionneurs. Jean-Claude et ses copains dégustaient leur gamelle : " Vivement que je me casse. On ne peut plus rouler. — Pourquoi ? — Y a trop de camions, ça bouchonne partout. — Faudrait inventer autre chose, alors ? — Ben le “autre chose”, c'est mal parti. C'est prévu pour empirer. — Ah bon ? — Bah oui, y aura plus de transports routiers qu'avant, ils ont programmé. Ça va augmenter. Parce que le rail‑route, c'est loin d'être fait. Et c'est l'Europe qui veut ça, la France elle est en plein milieu... " Je m'attendais à un autre son de cloches. Que les routiers défendent leur métier, comme quoi les manifestants les empêchent de bosser, etc. Mais non, même eux s'interrogent : " Je pars, je livre du jambon. Je rentre, je livre du jambon. Faut m'expliquer. — Nous, dans les deux sens, on charge des bobines de papier, le même grammage, le même poids, on ne comprend pas. Et pareil pour le transport de bois. " Les routiers sont blasés : voilà ce que je ressens, vaguement, dans mes rencontres. Et y a des raisons objectives à ça, pas économiques seulement, mais sociologiques aussi, technologiques même. Un parfum d'aventure qui s'est évaporé, d'abord : pour les Français, l'international, c'est mort. La routine de l'autoroute et des rocades, des pôles logistiques, des " relais ", quat

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