Dieu, fais gaffe à toi : Cavanna est là…

Y a des chocs qu’on se prend à l’adolescence et qui vous chahute l’existence. Pour moi, et pour pas mal d’autres, pour une petite tribu, c’est la rencontre, par livres interposés, avec François Cavanna.

Publié le 20 juin 2014

J'avais pas de crucifix,

collégien, au-dessus de mon lit. J'avais même décroché la photo de Platini. Trônait juste le portrait de Cavanna, dessiné par Wiaz, avec à côté, recopiée à la main, la citation de Desproges : Je connais, dans les milieux huppés des belles lettres françaises, quelques journalistes trous du cul pompeux, qui trouduculpompisent dans maints hebdomadaires glacés, et s'esbaudissent volontiers à la relecture de Rabelais tandis qu'ils trouvent Cavanna vulgaire. Le monde est ainsi fait d'étranges paradoxes. Même pour de rire je serai incapable d'enfoncer Cavanna, qui reste l'inventeur de la seule nouvelle forme de presse en France depuis la fin de l'amitié franco- allemande en 45, et l'un des derniers honnêtes hommes de ce siècle pourri. Seule la virulence de mon hétérosexualité m'a empêché à ce jour de demander François Cavanna en mariage.

C'est un culte, quasi, que je lui vouais.

Comment il m'était tombé dessus? À la bibliothèque municipale, à Amiens, gamin, je m'aventurais dans la section " romans adultes ". J'osais pas trop. Le parquet grinçait, je craignais qu'il me trahisse. Alors, je restais juste au bord, dans les premiers rayons, " A – B – C ", je découvrais la littérature par ordre alphabétique, " Aragon, Aymé, Barbusse, Boudard, Camus, Caster " et dans ces étagères, j'ai attrapé L'œil du Lapin , de Cavanna, que je connaissais pas, ni lui, ni Charlie-Hebdo, ni H

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