Chôme Marcel !
A-t-on vraiment tout essayé contre le chômage ? Mais non ! Regardons plutôt vers la Grande-Bretagne. Le nouveau mot d’ordre du plan d' » aide à l’emploi » lancé par le ministre des Finances, George Osborne : » Personne n’aura plus rien sans rien « . (MetroNews, 01/10) En clair, à partir d’avril, les fainéants sans travail depuis au moins deux ans devront s’acquitter de travaux d’intérêt général pour continuer à toucher des allocs. Et le programme donne envie : nettoyage des graffitis, torchage de vieux ou distribution de bouffe à leurs comparses, les pauvres. Mais attention, ce n’est pas de l’esclavage ! Ils seront royalement payés 2 euros de l’heure. Voilà qui a tout pour allécher Luc Coene, gouverneur de la Banque centrale belge, qui dénonce une scandaleuse gabegie : » Quand vous êtes au chômage, vous vous constituez malgré tout des droits pour la pension [retraite] mais vous ne cotisez pas au système (…) Ce n’est pas normal. « (Le Soir, 26/11) Luc, lui, est surpayé, mais ça c’est » normal » : il est si utile à l’économie de son pays.

Sport séquestre*]
Ces saines mesures, ce n’est pas en France qu’on ferait preuve d’un tel bon sens. Voilà maintenant que les ouvriers qu’on licencie se rebiffent ! Et séquestrent des cadres sup’ pour obtenir jusqu’à un millième de ce que gagne annuellement le PDG de Goodyear. Mais où va-t-on ? Heureusement, certains éditorialistes, comme l’inestimable Axel de Tarlé du Journal du dimanche, savent leur souffler dans les bronches : » Encore un petit effort et nous serons le pays le plus rigide du monde pour les licenciements. (…) Quel patron a envie d’investir en France, sachant qu’il risque ensuite de se faire séquestrer s’il envisage de réduire la voilure ? » (08/09) Tu verras, Axel : bientôt, ils réclameront même d’être traités comme des êtres humains !
Marxisme-romantisme
Et quand ce n’est pas la France, c’est l’Allemagne qui se met à dérailler ! La Merkel, piquée par on-ne-sait quelle mouche socialo-communiste, y a en effet instauré un salaire minimum (8,50 euros de l’heure), censé sortir de la pauvreté des milliers de parasites insuffisamment improductifs. Ach, Sozial, gross malheur ! tonnent très justement les vraies forces vives de la nation. » Les responsables politiques doivent regarder la réalité en face et en finir avec le ‘‘romantisme social » « , rugit ainsi Anton Börner, patron de la BGA, fédération des exportateurs teutons (Le Monde, 04/01). Le romantisme allemand, c’est bon pour Goethe et Richard Strauss, pas pour les bagnoles made in Deutschland, merde !
Où t’as planqué le démago ?
Heureusement, le gouvernement français n’a, comme toujours, que fait semblant de légiférer sur les rémunérations des plus hauts cadres du privé, tablant avec beaucoup de sagesse sur l’autodiscipline du milieu. Sachant que, comme personne ne l’ignore, l’autodiscipline salariale des grands patrons tricolores confine presque à l’ascèse. Une réalité rappelée par Aurélien Louvet, avocat d’affaire : » Il est toujours possible de voter une loi démagogique, mais elle ne serait pas efficace pour des groupes présents dans des dizaines de pays où il est peuvent verser des rémunérations à leurs dirigeants. « (Le Monde, 29/11) Ce serait possible, oui… mais ouf ! personne ne l’a fait.