Livres à la chaîne
Ouvrier chez Goodyear, Patrick Habare était passé à Fakir pour déposer ses textes, y a une paire d’années. On les a ressortis du placard.

Publié le 24 juin 2014
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Patrick Habare était passé au local, il y a une paire d'années, pour déposer ses textes. On les avait lus, fallait les déchiffrer, c'était écrit à la main, d'une écriture en patte de mouches, et on a eu la flemme de transcrire ces pages. On les a déposées dans un tiroir, pour plus tard, et avec les derniers soubresauts de Goodyear, là, Éric a eu l'idée de les ressortir.
Avant de les publier, je suis allé rencontrer l'auteur, qu'on choisisse les extraits ensemble, qu'on trie dans ses papiers. Son appartement, c'est pire qu'une discothèque, des étagères sur tous les murs, des milliers de CD. Là, il écoutait " Rabih Abou-Khalil, un Pakistanais qui réside en Allemagne ", il m'a expliqué.
" Et vous, vous jouez de la musique ? j'ai demandé.
— Oui, avant.
— Avant quoi ? "
Il m'a montré sa main gauche, où manquent deux doigts, et l'auriculaire bloqué.
" C'est à cause de l'usine ?
— Oui. Je remplaçais un collègue pendant les congés. J'avais quatre presses en charge. Et la sécurité sur ces machines, tu sais comment ça marche, c'est un rayon et dès qu'il voit quelque chose en dessous, la machine s'arrête. Et nous, pour faire le quota de production, il fallait qu'on nettoie le moule pendant la fermeture de la presse.
" Donc la presse n°4, y avait eu un accident, dessus, déjà. Ils avaient remis la sécurité. Mais ils l'ont remise que sur cette presse.
" La presse n°2, c'était moi. C'était ma deuxième journée à ce poste, le mardi
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