Une colère noire
Ce jeudi soir, au Havre, je rencontrai Assa Traoré, la soeur d’Adama.
A la demande Youcef, un membre de son collectif, je leur disais mon accord pour intervenir à l’Assemblée nationale, mais après avoir étudié le dossier, consciencieux comme reporter, soucieux de ma fonction de parlementaire, pour m’exprimer en mon âme et conscience et n’être le perroquet de personne. Je l’ai proposé avec tant de maladresses (j’en suis coutumier…) que certains ont entendu, d’autres on voulu entendre, l’inverse : un refus de soutenir.
Ce week-end, j’ai donc lu Lettre à Adama, par sa soeur Assa. Ce livre m’a rappelé Une Colère noire, de l’essayiste américain Ta-Nehisi Coates : une longue lettre que l’auteur adresse à son fils, attention bonhomme, noir et aux Etats-Unis, tu vas souffrir.
C’est déjà la référence qui m’était venue à l’esprit, il y a un an, après le drame à Beaumont-sur-Oise (en plus du superbe Home de Toni Morrisson).
Pour que nos banlieues ne ressemblent pas à Arlene ou Harlem, la peur qui règne sur les corps et les cœurs.

Publié le 15 mars 2017
Par
Beaumont-sur-Oise, vendredi 21 octobre.
"La famille d'Adama Traoré voudrait te joindre. Elle souhaiterait que tu organises, place de la République, une rencontre avec la famille de Rémi Fraisse. " C'est Pierre Baton, un copain du NPA, qui me fait cette offre.
" Tu serais d'accord pour que je leur donne ton numéro ?
— Mais bien sûr ! " Je suis carrément enthousiaste.
Taper sur la police, c'est pas trop mon truc.
J'ai le sentiment, parfois, que c'est comme un hochet qu'on met devant nous, pour faire joujou, et on s'énerve sur le hochet, et on y perd notre énergie, et on lâche la proie pour l'ombre.
N'empêche.
N'empêche : on se félicite, souvent, que grâce au préfet Maurice Grimault, mai 68 se soit déroulé sans un mort, malgré les cocktails Molotov qui pleuvaient. Et ce printemps, dans les manifs, combien d'estropiés ? Combien d'yeux perdus ? On ne les compte plus. Amal Bentounsi les compte, elle, les morts en banlieue, avec son collectif Urgence-notre-police-assassine. Une centaine de victimes, selon elle, entre 2005 et 2015.
N'empêche : il y a pire que les blessés, pire que les décès, peut-être. C'est l'impunité. Ce sont les mensonges d'Etat, les preuves déguisées, les vérités travesties, les fausses enquêtes internes, la Justice complice. Et pour les policiers, l'acquittement automatique.
N'empêche, je me méfie : il ne faudrait pas que ça devienne comme aux Etats-Unis, ces " bavures ", une habitude, des meurtres semi-lé
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