Au Paradis de Zara

« Personne ne parle aux journalistes, a insisté Mathilde. Les filles ont trop peur de perdre leur job. » J’ai donc enfilé un déguisement de syndicaliste et je me suis infiltré une journée chez Inditex…

Publié le 23 janvier 2017

" Écoute, on fait une inspection surprise dans deux magasins, lundi et mardi. Tu veux venir voir comment ça se passe chez Zara ? " À Thionville, en Moselle, une salariée de Zara s'était jetée sous un train. Elle avait laissé un mot dans sa voiture : " Merci à Zara d'avoir gâché ma vie. " La famille collait un procès à la direction. J'avais, du coup, envoyé un courriel à Mathilde, une représentante syndicale. " Carrément. — Dis pas que t'es journaliste, par contre. Chez Inditex, on n'aime pas ça. — Ah… On fait comment, alors ? — T'as qu'à dire que t'es du syndicat. OK ? " Ça me plaisait pas trop, comme couverture. Je mesurais le risque, pour elle surtout. Et y avait-il, vraiment, une face cachée de Zara, de Massimo Dutti, de Stradivarius, de Bershka à révéler ? C'est le mastodonte de la " fast fashion ", Inditex, je me suis renseigné sur Internet. La " mode rapide ", le luxe à petits prix. Mais qui rapporte gros : le cours de l'action est passé de 3 à 32 € en quinze ans, multiplié par dix. Et son propriétaire – fondateur, l'Espagnol Amancio Ortega, est désormais bien installé sur le podium des grandes fortunes mondiales, médaille d'argent chez Forbes cette année, deuxième derrière Bill Gates avec 67 milliards de dollars. On a vu, à la télé, des reportages sur ce " Made in Bangladesh ", des ateliers qui brûlent, des ouvrières battues, des femmes qui se plaignent, et maintenant les géants du prêt-à-porter, Zara, H&M, A

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