Dans la cuisine de Darwin (n° 102)

Trente ans que Darwin classe ses milliers de coupures de presse, collectées une à une, rangées dans des classeurs, des cartons, ou punaisées aux murs de sa cuisine. « C’est pour ne pas oublier d’être en colère », précise-t-il. Bienvenue chez le philosophe accro à la presse people.

Publié le 11 février 2022

Par

Mémoire trafiquée

Les Inrockuptibles, août 2013
« Changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde », disait Descartes… On y est : comme on ne peut pas changer l’état du monde, on fuit vers des réalités virtuelles. Cela peut être le Métavers, cet univers numérique que nous promettent les Gafam, ou même une modification de notre propre cerveau. Cet article nous explique qu’on s’y essaie ici avec les souris. Que déjà, en 2012, des expériences avaient été menées dans un laboratoire grenoblois : on orientait les comportements d’un insecte via des impulsions électriques. Imaginez : si on modifie notre mémoire, tous nos problèmes sont réglés – même si on vit dans un monde de merde. Dans L’obsolescence de l’homme, Günther Anders, un philosophe allemand du début du XXe siècle, écrivait : « La honte prométhéenne c’est la honte qui s’empare de l’homme devant l’humiliante qualité des choses qu’il a lui‑même fabriquées. Pour combattre la honte de son corps borné vis‑à‑vis de la perfection des machines, l’homme va tenter de leur ressembler, de leur devenir consubstantiel, de s’appréhender lui‑même comme une machine pour se reprogrammer et ‘‘optimiser’’ son expérience de vie. » Ici, c’est beaucoup plus sophistiqué : on entre dans l’ère de Total Recall de Philip K. Dick, le pape de la science‑fiction. Effacer ou changer la mémoire, c’est

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