Le monde du silence

À Mourenx, au pied des Pyrénées, pas question de froisser les employeurs. Alors, entreprises, organismes publics, élus, tous cachent les méfaits de la pollution industrielle, et les scandales sanitaires.

Publié le 2 octobre 2019

Chrystel m'avait envoyé un mail, quelques jours plus tôt : " J'ai appris que vous veniez sur Mourenx, j'ai des choses à raconter. " Elle habite avec sa famille dans le bassin de Lacq, entre Atlantique et Pyrénées. Là où Sanofi, pour fabriquer la Dépakine, a rejeté dans l'atmosphère, pendant des mois, des années, des décennies en fait, des substances cancérigènes, mutagènes, 190 000 fois plus que la norme autorisée. Là où les usines chimiques semblent s'être donné rendez-vous pour recracher leurs parfums dans l'air. Chrystel, donc, voulait parler.

" Etudes " et " terroristes ". Vendredi 12 octobre, 16h00. Chez Chrystel.

Prendre la départementale, longer l'usine dans la vallée, puis sur la droite, et tout droit. Je cherche, tourne, demi-tourne, j'ai aucun sens de l'orientation. Sur la route, une camionnette est garée sur le bas-côté. Deux techniciens en gilets orange s'affairent, gratouillent le sol. Je m'arrête, pour demander mon chemin. Ils me l'indiquent. " Et, par curiosité, vous faites quoi, là ? je demande. - Des prélèvements. On fait ça tout le temps, ici. Au moins tous les mois. - Mais pourquoi ? - A cause des métaux lourds. Y en a partout, ici, dans l'eau, partout, dans la nature. Alors, on mesure. " La ferme de Chrystel s'étend trois cents mètres plus loin. On s'installe dans sa cuisine, sur la grosse table en bois, au milieu de piles de dossiers. Elle a la soixantaine, les cheveux courts, l'air déterminé.

Contenu réservé à nos abonné·es

3€ par mois seulement !

Vous devez être connecté·e à votre compte Fakir pour accéder à cet article.

Articles associés

Pour ne rien rater, inscrivez-vous à la

NIOUZLAITEUR

Les plus lus

Les plus lus

Retour en haut