La pêche, dans les filets du libre-échange (2)

Boulogne, « premier port de pêche en France » : c’est là-bas que le rédac’chef m’a envoyée. J’ai rencontré des marins, des chercheurs, et même Greenpeace. Tout ça pour découvrir quoi ? Que le « premier port de pêche » n’est plus… un port de pêche !

Publié le 27 septembre 2013

L'Europe pour

les gros

Socialement, c'est une injustice organisée : les gros navires peuvent bien partir au large des côtes africaines, ou dans l'Océan indien, une fois qu'ils ont vidé la mer du Nord, à l'abri là-bas de toute contrainte. Christophe et Olivier, avec leurs filets et leurs chaluts, resteront à Boulogne, eux, même avec des quotas en chute libre, avec les gendarmes européens sur le dos. Christophe opère ainsi un distingo entre " petits " et " gros " : " Est-ce que c'est nous qu'on vide la mer avec cinquante tonnes de poissons par an ? Cinquante fileyeurs, au max, c'est 2 500 tonnes, c'est ce que pêche un gros en six mois de temps. Même si le petit est méchant, il videra pas la mer quand même : au lieu de pêcher cinquante tonnes, il va en pêcher soixante, pas plus. Les bateaux Euronor – le seul armateur industriel restant à Boulogne – ravagent un secteur, ils s'en fichent, ils iront ailleurs après. Nous, on peut pas. " Et de se décrire, quasiment, comme un écolo malgré lui : " Les gens, ils croient qu'on fait n'importe quoi. Mais on est conscients, on aime la mer. Le but du petit pêcheur, c'est de travailler, c'est de dire que vous pouvez partir en vacances quinze jours, manger au restaurant de temps en temps avec votre femme, faire plaisir à vos enfants, c'est un minimum dans la vie. Si moi demain je perds mon bateau, je perds ma maison, je perds tout parce que j'ai tout misé dedans. Donc c'est pas mon but d

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