Le capital raconté par… ma boîte de sel

Quels liens entre notre caddie et leurs profits ? Quelle part de notre porte‑monnaie va dans la poche de l’actionnaire ou de l’intérimaire ? Les petits objets du marché de proximité racontent les grands marchés mondialisés. Fakir remonte la filière de la production et de l’exploitation.
sel

Publié le 8 juillet 2025

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Au fond d’un immense cratère, le lac Karoum, en Éthiopie, fait songer au dernier cercle de L’Enfer de Dante. Pour en extraire du sel, ils sont des milliers à battre inlassablement des monticules de limon, le corps blanchi par le condiment. Au fil du temps, celui-ci agit comme un acide sur les muqueuses, si bien que ces forçats perdent peu à peu la vue et l’odorat. Leurs plaies ne cicatrisent jamais. Mais rassurez-vous : pour dix heures de travail par jour, ils perçoivent tout de même près de 5 €…

Plus à l’ouest, au Niger, se trouvent les salines de Bilma : des centaines de puits creusés à la force des bras. Par 45°C, les saliniers s’échinent, à l’aide d’une barre à mine, à creuser le sol et concasser les cristaux de sel dont ils remplissent des moules formant des « pains » prêts à l’export. L’économie locale offrant peu d’alternatives, plus de la moitié de la population de Bilma est embauchée aux salines. Comme l’explique Omar Kosso, lui-même ouvrier du sel : « Dès que tu abandonnes l’école tu es obligé de venir ici. Chaque famille a son puits. » C’est au prix de la sueur et des larmes salées de ces galériens que l’on peut, en Afrique et en Occident, assaisonner ses plats pour trois fois rien.

Aux antipodes de ces conditions de vie, de Guérande à Noirmoutier, ils sont encore à peu près huit cents à exercer le métier de paludier, travailleu

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