Le Capital raconté par… ma poupée Barbie

Quels liens entre notre caddie et leurs profits ? Quelle part de notre porte‑monnaie va dans la poche de l’actionnaire ou de l’intérimaire ? Les petits objets du marché de proximité racontent les grands marchés mondialisés. Fakir remonte la filière de la production et de l’exploitation.

Publié le 17 décembre 2024

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Les Barbie-turiques

Salaires trop bas (l’équivalent de 240 € mensuels, quand il en faut le double pour vivre correctement en Chine), heures supplémentaires non payées ou sous-rémunérées (jusqu’à 110 heures sup’ par mois à l’approche de Noël)… Pour les ouvrières chinoises qui assemblent les Barbie, la vie n’a rien de rose. Si officiellement l’entreprise Mattel qui les emploient s’assure des bonnes conditions de travail de tous ses « collaborateurs », il y a un gouffre entre leur charte éthique et ce qui se passe dans leurs ateliers. ActionAid et Solidar Suisse, deux ONG promouvant le droit du travail dans le monde ont, à plusieurs reprises, infiltré les chaînes de production Barbie des sites de Chang’an et du Foshan Nanhai. Leur constat est sans appel : les droits les plus élémentaires des ouvrières sont bafoués. Onze heures de travail par jour pour soixante minutes de pause, six jours sur sept, congés maladie non payés (et faute grave s’il y en a plus de deux dans l’année), utilisation de machines à ultrasons qui donnent la migraine, harcèlement moral voire sexuel des contremaîtres sur les ouvrières dans le but qu’elles « restent excitées ». Sur le site du Foshan Nanhai Mattel, les dortoirs ne sont jamais fermés à clé et la présence d’hommes qui « patrouillent » dans les parties du bâtiment réservées aux femmes est courante. Dans les chambres, entre 20 et 30 m² pour huit personnes, pas de prise électrique, ni d’aération, et une salle de bains par étage pour 6 € par mois. Chun, une des enquêtrices infiltrées, devait elle clipser 1420 têtes de poupées en une journée. à ce rythme, 3000 pièces sortent de l’usine chaque jour. Voilà l’arrière-cuisine, quand Mattel s’eng

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