Sourds, muets et aveugles

Le travail, c’est pas toujours la santé. Même à la clinique privée…

Publié le 17 décembre 2024

« Sébastien, un manutentionnaire, un gars qui gérait les poubelles, il devait porter parfois plus de 100 kg. Il s’est détruit le dos au travail. Il a été déclaré inapte à travailler, mais on ne lui a pas proposé de reclassement. C’est obligé, pourtant, normalement, de proposer un reclassement. Du coup on s’est mobilisé pour lui. La médiatisation a forcé la direction à réagir. Mais vois, le mépris : le poste qu’on lui a proposé, c’était hôte d’accueil des appels téléphoniques à Lyon. — Ben c’est pas mal, non, comme proposition ? Ça préserve son dos. — Sauf que Sébastien est sourd et muet ! » C’est Luc, brancardier à la clinique privée de Bois-Bernard, une commune du Pas-de-Calais, qui nous racontait les douces méthodes mises en place là-bas. Il y tenait, il nous avait relancés, plusieurs fois. « C’est pour mes collègues », il s’excuse presque. « Eux sont encore dans la souffrance en ce moment. Alors, je leur ai promis d’essayer de médiatiser nos conditions. » Lui ne souffre plus : il s’est fait virer, en janvier dernier. Son ex-clinique appartient à Ramsay Santé, une grosse multinationale, forte de 50 000 employés tout autour du globe. Mais bon… « Chez nous, ils subissent une pression exponentielle, et y a un exode des soignants, si je peux le dire comme ça. Ils se mettent en arrêt maladie et ne reviennent pas… Ça s’appelle le "quiet quitting" : la direction pousse les salariés à démissionner dans le silence, et à leurs frais ! D’ailleurs, même les étudiants et élèves de l’hôpital ne reviennent jamais après. » À force, ils ne sont plus que 300 employés pour un travail effectué par 450 auparavant, calcule Luc. Les femmes de ménage, par exemple. « 

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