Nous : chers cobayes

Vous êtes nos cobayes. Vous êtes notre banque. Vous êtes nos publicitaires. Comme le prouve encore une fois Debout les femmes !, qui arrive (enfin) en salles…

Publié le 24 septembre 2021

Comment ça nous est venu, cette histoire de « métiers du lien » ? Ça remonte. Fakir naît, assez largement, sur la défense de l’industrie picarde, sur les Goodyear, Whirlpool, Parisot, Honeywell, Continental, etc., jetés de leurs boîtes. Et je me souviens de Flodor, par exemple, fabricant de chips à Péronne. Deux ou trois années après la fermeture, on retourne là-bas, pour la vente aux enchères du matériel : que sont devenus les ouvriers, les ouvrières ? Pour les uns, les hommes, c’est camionneur et cariste, massivement. Pour les autres, les femmes, c’est assistante maternelle et auxiliaire de vie. Et elles témoignent de leur joie à s’occuper des enfants, des séniors, qui donnent plus de sens à leurs journées que les chips à la chaîne, même si les copines leur manquent. Mais elles disent aussi, et certaines, les mères isolées surtout, elles disent aussi, en presque larmes, un nœud dans la gorge, l’angoisse du frigo vide, les chèques qui ne passent plus, les horaires de galère pour des vies de misère. Et là, en moi, une petite lumière s’allume : voilà le prolétariat des services, encore invisible, souterrain.

Plus tard, on va lutter à leurs côtés. Dans la Somme, on aidera Annie, Sylvie, Patricia et leurs copines dans leur bagarre contre un Conseil départemental qui, par souci d’économie, veut les priver de leurs maigres acquis. On les suivra dans leurs journées, leurs tournées, avec un dossier publié ici. On mettra en page leurs tracts. On les conseillera pour envahir le restaurant des élus. Et avec la promesse, durant ma campagne, en cas d’élection, de porter leurs voix, leurs vies, leurs visages, à l’Assemblée.

« Représenter la nation »
, et souvent les plus invisibles, les classes populaires, dont l’humiliation ordinaire appartient au paysage, « représenter la nation », c’est notre mission depuis plus de vingt ans. La représenter dans le journal, la représenter à l’écran, la représenter à la tribune de l’Hémicycle, dans une continuité, dans une fidélité.

Bref, Fakir, que vous tenez entre vos mains, c’est comme le laboratoire de nos convictions. On essaie entre nous, avec vous, d’abord. On mène des expériences, on aborde des thèmes, hésitant, nous rôdant. Avant, ensuite, de pousser nos idées vers le vaste monde. Vous êtes nos cobayes.

Vous êtes aussi notre banque. Fakir, c’est la cagnotte qui paie, en partie, notre activité publique, cinématographique : la production de Debout les femmes ! (un peu), la distribution, surtout. Oui, si ces films sont à l’affiche, dans les cinémas du pays, les spectateurs peuvent vous dire « merci » !

Vous êtes, enfin, nos publicitaires, nous qui n’en avons pas, de publicité : nous savons que votre bouche à oreille, autour de notre canard, de nos livres, et aujourd’hui de Debout les femmes !, ça vaut cent agences Publicis !

Merci de nous avoir accompagnés jusqu’à ce numéro cent. Et on va en reprendre pour autant d’aventures !

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