Réconcilier les Français

« I have a dream. Le rêve d’une France sans syndicats, sans intérêts corporatistes, d’une société sans manifestations, sans grèves, sans classes ! » Face aux fractures qui divisent la société française, Emmanuel Macron veut tracer un chemin, avec un horizon assumé : « Demain, tous patrons ! » « Toutes les soi-disant inégalités ne justifient pas qu’on livre aux chiens l’honneur des hommes qui font la richesse de notre nation. On ne peut plus accepter que ceux qui prennent des risques soient moins protégés que des salariés recroquevillés sur la défense de leurs 35 heures et des avantages du Comité d’entreprise. » Pour le président de la République, dans la France 2.0, il n’y a plus de place pour le salariat. « Je veux une société d’entrepreneurs, pour une France sans heurts. » Il s’agit donc de mettre fin aux avantages des salariés et des chômeurs et d’inciter chacun à devenir le micro-entrepreneur de sa force de travail. « Un smartphone, la 5G et à vous le frisson de l’entreprenariat. »
Aussi, le chef de l’État entend modifier le préambule de la Constitution. « Tous les entrepreneurs naissent libres et exonérés de charges sociales. » Sans renier l’idéal des révolutionnaires de 1789, Emmanuel Macron veut regrouper tous les citoyens sous la bannière de la croissance. Et remplacer la « lutte des classes par la lutte des taxes » !
La marque France

« Égalité, fraternité… et pourquoi pas partage des richesses tant qu’on y est ? » Pour Emmanuel Macron, il est temps de « dépoussiérer la marque France » et de rendre nos symboles plus conformes à nos valeurs. « L’égalité c’est l’autoroute vers l’assistanat. Je préfère valoriser ceux qui réussissent, et vanter le mérite de nos entrepreneurs. » Et le Président de proposer une nouvelle devise pour la start-up Nation : « Liberté, Mérite, CICE. » Car l’objectif est bien de promouvoir le savoir-faire français à l’étranger. « L’image de la France était un aspirateur à migrants, elle doit devenir un paradis pour investisseurs. » Dans ce cadre, le gouvernement a lancé son grand plan, « Invest, not invade » (Investir oui, envahir non !), pour valoriser à l’étranger les atouts fiscaux français. Avec un slogan : « En France on n’a plus de retraites mais on a des niches fiscales ! »
Par ailleurs, Emmanuel Macron a entamé une refonte complète de la charte graphique du pays. « Bleu, blanc, rouge, c’est bien sur un maillot de foot, mais ça passe assez mal sur un slide PowerPoint. » Un nouveau drapeau, puis bientôt un nouveau nom, selon la bonne vieille formule théorisée par le RPR-UMP-LR. « La marque France est trop liée à des scandales comme la Révolution, la Commune ou le Front populaire pour être réellement vendeuse. Au revoir la ‘‘République française’’, et longue vie à ‘‘France 2.0 !’’ »
Plutôt Zemmour que…

« Je ne sais pas si Éric Zemmour pose les bonnes questions, mais en tout cas il ne pose pas les mauvaises. » À l’heure où la campagne électorale s’emballe, Emmanuel Macron a tenu à relativiser la controverse Zemmour. « Il a au moins le mérite de ne pas céder au populisme anti-riches ambiant. Quelles que soient ses outrances, il n’est pas une menace pour les dividendes. » Et donc pour le pacte républicain. « Toutes les initiatives pour défendre la bourgeoisie, même maladroites, sont bonnes à prendre. » Le Président admet cependant des divergences de vue avec le polémiste. « Il faut bien admettre que le péril qui menace la France est le grand remplacement. Mais c’est celui des dividendes par les salaires ! » Face à l’urgence, Emmanuel Macron veut rassembler toutes les bonnes volontés prêtes à défendre le modèle français. « Éric Zemmour l’a bien compris, il vaut mieux que les Français s’intéressent à l’Islam qu’à la fortune de Bolloré ! » Aussi, le Président a appelé ses troupes à ménager le candidat de l’ultra-droite. « On ne sera jamais trop nombreux pour mener la bataille de civilisation qui se profile. Je n’accepterai pas de voir des hordes de contrôleurs fiscaux envahir et saccager les quartiers favorisés de l’ouest parisien. » Et le Président de glisser un rappel historique. « On pense ce qu’on veut de Pétain, mais on ne peut pas dire qu’il était anti-business ! »